Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 13

• 131 Arclievôque de Yienne. M. D. LXXXVI. 18z. fon fils , auquel de douze gouverne· mens pro\'i11ces ott tribus , dont é:oit comp~fe fon royaume, il n'en demeura qu'un ou deuJC au plu<. Le Clergé de votre royaume a rendu grace à Dieu qu'il vous ait iilf~icé cette fainte inten– cion de ne fouffrir ci - après en icelui autre religion que la c,\tholique. le fup– plianc continucllem,nt de la vous con– ferver & aug1neï1ccr , & donner moyen de la metrrc i exécution : & à cet elfet vous accorde ce grand & notable re– cours dont j'ai ci-devant parlé. lvlais on ne peut pourtant dire avec vérité , ni préfumer avec raifon, & fans faire grand cort au Clergé , qu'il foie aucu– nement auteur de Il guerre , où il ne penfa oncques , & dont il foulfre les principales incommodirés , ruines & dom1nages qui c11 aviennent ; l'on en pourroit plmot impmer la caufe aux rebelles pour ront de contraventions & <l'aaes d'hollilité far eux commis & continués durant J paix qu'ils n'ont ja:n.lis gardée , & fpécialement ponr l'indue rétention de vos villes , qu'ils avaient promis fi folemnellement par le traité de Ilergerac , de vous rendre au bout de fix Jns picça échus, mais j'aime mieux l'attriln1cr & rapporter i un re– crct & iilfcrutable ju3ement de Dieu, qui s'el1 voulu fervir d'un moyen extra– ordinaire pour excrcet· fa jullice , & purger ce royaume tn?s - chrétien de toute hérélie. La guerre donc étant fi bien fondée , fi fainte , & venant en exécution de la jullice de Dieu; !'on ne peut cfpértr qu'un bon & heureux fuc– cès : mais aulli il faut prendre garde que du C<Îté de ceux qui s' elliment li– deles fcr\'itcurs de Dieu , & minillres de f.1 jullice, il n'y aye rien qui le puiffe olleilfcr & aliéner d'eux, & empêcher que leur fcrvice ne lui foit agréable, il fe faut premiérement purger , réconci– lier avec Dieu , & remettre en fa grace, a~n qu'il détourne & rejette toute fon ire & indignation fur nos adverfaires. Il y . a un grand exemple en l'hilloire des Juges de la fainte bible , d'une guerre mue par le peuple d'!frJël con– tre la Tribu de Benjamin, pour venger & faire punition & jullice d'un adultere commis en la perfonne de la femme d'un lévite , eux paffant leur chemin , & avec tel excès & violence, qu'elle en demeura morte. L' enueptifc fut faite par l'ordonnance expreffe de Dieu, qui même déclara ceux qui auroient la con– duite de l'armée ; & néanmoins l'hif– toire porte aue devant que faire la pu– nition d'un fi grief & exécrable forfait, Dieu commen~a fa ju!lice par ceux– mêmes des autres tribus dont il mourut près de quatre-vingt mille en deux ba– tailles; mais enlin les Benjllnitcs furent châtiés & exterminés , horfmis quelque petit no:nbre qui fuit aux monta~!1es & dans les bois, que Dieu voulut réferver pour la Cémence. Il ell à craindre que !'exécution de la jullice de Dieu ne com– mence :\ nous & ceux de notre parti, & q••Ïls ne [entent les premiers coups de fa main & de Ces fleaux , Coit par pelle ' famine ' ou le glaive même de nos adverfaires : mais principllement • & fur tout il faut, SIRE , avifer fi en quelque chofe dépendant de votre char– ge , Dieu Ce trouveroit offenfé , d'y pourvoir & remédier , & app•iîer fon ire : comme ainfi foit que la punition des fautes des Princes tombe Couvent fur leurs peuples qui n'en peuvent mais ; comme s'écriait le Roi David , voyant à fa feule occafion tant de milliers de Ces fujets être mis à mort par !'Ange exécuteur de la jullice de Dieu. Cette compagnie vous a par pluficurs fois re– montré, comme elle fait encore en toute humilité, que vous ne pouviez différer plus longuement la réception du faine concile de Trente fans olfenfer Dien très-griéveme11t , & fa11s encourir, vous & votre royaume, la note d'un fchifme évident , & vous divifer & féparer do l' églife catholique, apotlolique & romai– ne; ne fuffifant pls que vous •rez reçu en votre ame, & croyez fermement tout ce qui a été défini & terminé ès chofes de la foi , & ce qui en dépend ; car il en faut faire profellion publique par vos édits & lettres patentes ; permettant en être faite la publication par les évêques, & en ordonnant l'exécution & obferva– tion à vos cours de parlement & autres officiers. On vous a remontré que la réception dudit concile vient en nécef– faire conféquence de votre édit de réu– nion, & que l'un fans l'autre étoit im– parfait & illufoire , d'autant même qll'e les hér~tiques fe diîent combien que fauffement , catholiques aulli-bien que nous , & apolloliques mieux que nous , Ile Coutiennent qu'ils tiennent la foi & . M ij http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-13] Corpus | Histoire de Provence

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