Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 11

De la régale , & de fan ufage en France.' .116 où l'on prétend les comprendr~; que d'ailleurs ce concile ne parle point des pré~endes l q~ïl peut rece~oir, di!férei:· tes 1nterprerarrons , & qu 11 na Jamais été ciré, ni même déligné dans tous les tlilférends que les Papes & les Rois ont eu au fujer de la régale. Voilà, T. S. P. ce qu'ils difent, & fans examiner ici ce qu'on y peur répon– dre, & ce que nos prédécetfeurs ont al– légué pour lenrs défenfes , puifqu'il ne s'agit plus de conreller , & que tous nos detfeins ne vont qu'i la paix ; nous di– rons feulement à Votre Sainteté , que les raifons dont les magillrats de France fe fervent, ont fait de li fortes impref– tions fur leurs efprits qu'il n'ell pas pof– tible de les elfJcer , & que nous avons été c.:ondamnés par ceux qu'on efi:ime les plus gens de bien & les mieux inten– tionnés pour l'églife : de forte que le Roi, très-éloigné par lui· même d'entre– prendre fur les droits de l'églife , nuis perfuadé par ce confenrement unanime de tous les magillrats de fon royaume , regarde comme un droit de la couronne ce qui efi: déjà établi dans un fi grand nombre d'égli(es ; il croit que les autres étant également fujettes i fa couronne , doivent être fujetres à la même loi. Pour dire avec lincérité ce que nous penfons, nous ne propo(ons pas ces chofes com– me indubitables , nous ne les rejettons pas aufii comme des opinions erronées ou contraires à la foi , & .. nous Commes perfuadés que c'ell le cas où il faut ufer d'une Cage condefcendance, à l'exemple de ces hommes apolloliques qui vous cnr précédé. Innocent Ill. qui étoir fi Cavant dans les flinres écritures & dans le droit ca– non, doit fervir ici de modele, & l'on ne fe peut difpenfer de faire ce qu'il a fait en une occafion route femblable: il s'agitîoit de la régale, & pour lors il ell cercain que ce droit emportait un grand nombre de fervicudes très-fâcheufes, pour ne pas dire infupporrables à l'églifc, dont elle a été déchargée par la bonté de nos Rois , comme le droit d'ho(pice ou de logement qui obligeait les évê– ques & les abbés à recevoir & à dé– frayer che:i eux les Rois avec toute leur cour durant un certain temps; ils devaient aufii recevoir & défrayer les ambaffa– c!cuu , les officiers & les perfonnes pu- bliques ; ils éraient m~m~ obligés de fournir au Roi un certain nombre de gens de guerre , de les enrrecenir i leurs dépens, & de les conduire eux-mêmes au rende:i·vous des croupes : au relle le Roi n'éroit pas feulement en droit de fe mettre en potfefiion du bien des églifes durant la vacance, mais encore de s'en emparer quand les évêques manquaient à leur rendre le fervice accoutumé. Il ell confiant, comme nous l'avons déjà dit, que ces fervitudes n'avo1enr routes qu'une même origine, qui efi: la régale; Innocent III. même n'en difconvenoit pas. Il arriva de fan temps que le Roi de France ayant accuré deuJC évêques d'avoir retiré leurs foldats du fervice fans fan ordre, fic failir fans aucune for– malité de jufi:ice, non reulement les biens que ces évêques tenaient de la couron- ne, & qu'on appelloit à caufe de cela hiens régaliens, mais encore tous les au- tres biens qu'ils potîédoient , préren– clanc qu'il en avoir le droit; les evêques fourenoientle contraire, ils s'excufoient d'ailleurs fur le fair pour lequel on avoie fait b failie, ils s'en plaignaient comme d'une violence , & adrefferenr leurs plaintes à Innocent III. Ce grand Pape prit, comme il le devoir, la défenfe des deux évêques ; il écrivit fortem~nt à Philippe-AuguHe, pour l'exhorter à ne L'b pas donner Lieu au fctJnda/e , que caufa né· tpifl~l~r::n; ccffeirerr.ent la divifion entre la royauté G• tpifl. 1,0. lefacerdoce. Il le menaça même des cen- fures ecclélialliques, s'il n'accordoiraux évêques une main-levée, tant des biens régaliens que des autres biens, qu'il prétendait avoir été faifis injullemenr. L'affaire étoit fans doute de conféquen- . . ce, puifqu'on avait été réduit à menacer Lib.1.tpijl. un li grand Prince des cenfures de l'églife ;o\ 0 • cependant le Pape Innocent après l'avoir bien menacé, écrivit aux deux évêques en ces re.rmes : Nous vous confe;llons de Lib. 1••Pifl• bonne foz de vous accommoder avec le Roi 107 • · notre très-cher fils aux conditions les plus '1'Vantageufes que 11ous pourrrer. , parce que l'arc toujours tendu fa rt!âche , & que lti Rois fa laif{ent plutôt vaincre par la dou- ceur que par la force. C'était fagement parler en une occalion où ni la foi ni les mœurs n'éraient en péril; on ne peut dire que ce fait un fait particulier qu'il ne faille pas tirer à conféquence , puif- . qu'il s'agilfoit non feulement du fait des http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-11] Corpus | Histoire de Provence

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