Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 7

1c 11 Des peines que !.'s luges peine 'de J'églifc , & elle ell appellée •ttrn6..1nortis damnatio, parce qu'elle met les chrétiens hors de l'eglife, les prive d:s facremens, des fuffrlges , des prie– res , & de la fépulcure des chrétiens , & enfin elle les abandonne au diable. Or il ell tout vifible que cette piece p>r conféquent ne doit point être donnée que pour les derniers crimes. Le premier exemple d'excommunica– tion qui fe trouve en l'écriture , ell en fa premiere épître aux Corinthiens, où faint Paul voulant décerner une excom– munication contre un homme , dit que c'ell pour un crime li notable, & fi abo– minable , guïl ne s'en voit point de femblable ;nrmi les infideles ; de même m•niere ·en Il premiere à Timothée , l'apôtre excommunie Himen.ée & Ale– XJndre, mais c'ell pnur crimes d'apof– tafie , d'héréfie & de blafpheme. C'ell fur cette doflrine & cette pra– tique des apôtres que les conciles de l'églife ont perpétuellement défendu de fulminer des excommunications pouc caufes légeres , & qu'ils one lbtué qu'.il en ferait feulement donné pour caufe grave. En effet, il ell du droit naturel que la peine foie proportionnée à la faute : car que diroit-on d'un juge qui condam- ' neroit un homme à la roue pour un foufflet, pour une injure, pour avoir en– levé des fruits, & fait quelqu'aucre tort à·un autre ? feroit-ce pas non feulement une injullice , mais une cruauté ? ne peut-on pas auffi dire que c'ell non feu-· lemenc une injullice , mais une cruauté de donner des mnnitoires , & excommu– nier pour des chofes légeres. Gerfon , en un fermon qu'il fit au concile de Rheims en l"anM. cccc.v111. fe plaignant de l'abus des monitoires & des excommunications , compare ceux qui en donnent indifféremment pour des caufes légeres à un homme fol , qui voyant une mouche fur le front de fon voifin , pour la chalfer prit une h~che , & lui en donna un fi grand coup qu'il en fît fortir la cervelle. On donne, dit ce fameux doll:eur , des excommunications , Pro defendenda re modica parùm utili 1.1el profana , cù.m ta– mtn ba&u!us ifte primitùs fuerit inftitutus à Chrijlo tanquam duriffimum , fommumqut foppiiâum : nun< apad quofdam talis d' Eglifa peuvent i111pofer 10 r z.. reg11at jlo!iditas , qua!is apud illum qui ut muJ!am ahigerel _àfronte proximi, iflu. Je· currs excerehravrt eunz. ltaque ttmpora/is incommoditas vix reputari dehet mufr:a pungens per reJPellum ad •ternam falutem qucJm auferunt aliquando percuffiones ifl.r. , per excommunicationes gr.ivijfimas > qu.1, ut in aliquem ceciderint '&Jix ahjici poj{unt tra/zentibu.s , de una in aliam fpem lu.pi ; curi1, rapacihus. Cette peine de l'églife a toujours été fi bien regardée comme le der– nier fupplice & la derniere peine qu'il n'étoic pas permis autrefois de fulmi– ner une excommunication , fans pren– dre l'avis de ~lufieurs évêques des plus notables du Clergé , comme un con– cile de l\1eaux l'a défini • dont le canon ell rapporté en la caufe 11. quellion ; . cha~itre 41, C'ell pourquoi il fut défendu au qua– trieme concile d'Orléans, d'excommu– nier perfonne pour des chofes légeres : le canon en en rapporté en la même caure 11. quel!.;. chap. 41. L'ordonnance d'Orléans a fuivi en ce point le concile d'Orléans , ayant en l'article x v 111. déc!Jré que les prélats & gens d'églife ne pourraient donner des monitoires que pour caufe grave, & cri– mes fcandaleux. Une autre raifon manifelle , qu'on ne doit pas donner des monitoires pour des caufcs légeres , c"ell que l'on rend mé– prifable l'autorité de l'églife & la cenfure que l'on fulmine, & cela produit plutôt la perce des ames que leur fa lut, comme remarque le concile de Trente en la felf. 2.f. De rcformatione, chapicre ;. C'en pourquoi coutefois &quantesque les évêques ou les juges d'églife excom– munient quelqu'un fans grande caufe , fi on af.pelle de la fentence purement & fimp ement , le juge d'appel déclare toujours :la fentence nulle & de nul effet, felon les canons même ce juge d'appel peuc, comme l'on infere du canon epif– copi , rapporté en la ~aufe 11 •. quell. ; : chap. 8. condamner a une peine celui qui mal-à-propos & fans caufe Ugitime a fulminé & rendu une fentence d'ex– communication. Que fi l'on appelle de la même fentence comme d'abus , l~s parlemens ne manquent pas de dé– clarer la fentence abufivc : cela fans doute ne s'accorde pas avec l' oi'1on~ http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-07] Corpus | Histoire de Provence

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