Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 6

De la Jurifdiélion Eccléfia.flique. que, mais leur transfore fa jurifdiétion pallorale ; elle ell: tellement extraordi– naire, que les doui.e premiers fiecles de l'églife ne l'ont point connue, ni les an– ciens cana ils condamnée, Jes peres de ces temps là n'ayant pu fe figurer un monllre pareil à celui de deux époux dans une même églife, & de deux évêques dans un même diocefe, ont confidéré les moi– nes qui ne reconnoilfent point ia puiffance dl"' ' 'h e cveque, comme ces pretres accp a- les, qui ne voulant point obéir à aucun fuptricur, ne font point une éçlife, mais compofent une affemblée illegitime & fchifmatique, felon le langage d'un an– cien concile de Paris, qui fab nulliusepif– copi difiiplina, aut providtntia gubtrnan– tur, ta!t.t acephales & fine capite prifla tc– deft• coefuttudo nuncupa11it Ce font des brebis errantes, difperfées & fans paf– tei1r, qui ne font aucune partie du trou– peau ; ce font des membres fép•rés qui J1e reçoivent ni mot1ve1ncnt ni nourrjture du chef établi de Dieu fur tout le corps. Ils ont cru que comme le privilege n'ell: qu'une grace patticuliere accordée, il perd fa nature & devient ufurpation au– tant de fois, que pour le vouloir trop étendre, on le rend univerfel. Ces peres n'ont pas cllimé ces exemptions qui n'é– toient données que pour le temporel, in– compatibles avec l'obéiffance due à l'é– vêque. lis n'ont pas cru qu'un moine pour être ainfi exempt, en fût moins fournis;\ fa jurifditlion. Ils ont confidéré l'évêque, tantôt comme un palleur, & tantôt comme un pere ; que comme paf– teur il doit veiller fur tout le trou– peau : Acrenditt uni11erfa gregi. Uni11erfa , dit l'écriture, c'elt-3-dire, fur les brebis faines & fur les malades ou égarées, fur les prêtres & fur les laïques, fur les moi– nes exempts en la maniere fufdite, & fur ceux qui ne le font pas : comme f.ere, qu'il ell redevable de la parole de . C. de fa charité & de fes foins paternels, autant aux enfans émancipés qu'à ceux qui font demeurés en fa puiffance: Epif– copus nemini dejit Aulli les uns & les au– tres lui doivent l'obéilfance, de laquel– le, ni l'émancipation, ni la prefcription ne les peut affranchir ;\ ceux qui font émancipés de fa puiffance, qu'aux en– fans qui y demeurent fournis. Epijèopus n<mini dejic : c' ell le langage des conci– les. Ces pcres enfin nous ont enfeigné que dans toute la hiérarchie ecdélialli- que, les moines demeurans dans leur monall:ere, n'étoient pas capables d'e– xercer cette jurifdiétion pallorale, parce qu'étant nourris dans l'obfcurité & dans la folitude de leurs cloître• , ils ne peu– vent ni porter le poids du jour & de la chaleur, ni fournir aux foins ni aux oc– cupations continuelles qu'exige l'admi– nillration des facremens. Que fuivant la penfée de faint Jérôme, ils ne doivent pas prêcher., mais pleurer: Noll doc1oris. fid plangencis lcaheant officium. Qu'•u fen– timent de faint Grégoire-le· Grand, ils ne peuvent faire en même-temps le de– voir de palleur & de moine : Nemo poufl f.:I tccltjiafticis ohftquiis defir11ire, & in monachia rtgula. ordinacè perfiflere. Qu·en l'opinion du même pere, non feulement il leur ell défendu d'admini!lrer les facre– mens , mais encore aux prêrres de célé– brer la melfe dans leur monallere , & au peuple de s'y alfembler, crainte de trou– bler Il paix de leur efprit & le calme de leur folitude, par commerce des fécu– liers & le trouble de la vie commune : Ne forû monaflica quits tumaltuofa faca• larium perfonarum frequentiâ fi converfa– tiont tu.rbaretur : qu'un moine, ajoute faint Bernard, fortant de l'ombre de fa cellule, ne peut pas fupporter l'éclat des charges éminentes de l'églife : Si auen– tiitur rerum dignitas, hanc monaclr.i abhor– re< profejfio ;ji minifterium, falis liquet con– gruerepontiftcibus. Qu'étantdes anges dans lefilence de leurs ce1lules, il ell ;\craindre qu'ils ne deviennent des hommes & peut– être encore pires dans les fonlbons de 1' é– glife, dans le tribunal de la pénitence,dans l'auditoire d'une officialité, & dans l'e– xercice de la jurifdiétion contentieufe. C'ell fur ces mêmes principes , que I'églife qui ne change pas fa conduite fpirituelle, s'ell oppofée à ces fortes d'e– xemptions générales, que l'ambition des moines, la négligence des prélats, & les fchifmes avoient fnnellement introdui– tes, & qu'elle a rendu aux évêques la puilfance que Dieu leur avoit donnée • & que les canons Jes anciens conciles avoient confirmée. C'ell dans cette vue qu'étant affemblée dans le concile de Conllance, elle condamne & révoque toutes les eremptions obtenues, ou par argent, ou par importunité, ou p::tr obrep· tion, pendant la divifion, <l.jouranr à ce décret, que celles qui feront accordées à l'avenir, ne le feront qu'avec connoiJfaa~ http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-06] Corpus | Histoire de Provence

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