Assemblée générale du clergé : Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France. Tome 5 : Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France
139 Du Culte divin. T1T. VIII. PAitT. Ill.' fidérées cômme la forme. Un mineur ne peur poi~1t. prêter de co~fente~~nt , du moins leg1nme , fans 1 autonte de fe~ pere & mere, ou de ceux fous la puifErnce defquels il eil, & il ferait étrange que ne pouvant difpofer de fon bien que fous cette condition , il le pût faire de fa per– fonne : il s· enfuit que quand emporté d'une folle pa!lion , ou féduit par des impre!lions étrangeres , il contraéte un prétendu mariage contre cette autorité , que la nature & les loix ont établies fur lui, le vice de la mJtiere, c'eil-à-dire, le confentement illégitime & défeétueux de ce mineur, incapable d'être fanélifié, fait qu'il ne peut point y avoir de ma– riage effeétif; la bénédiél:ion de l'églife qu'on furprend dans ces rencontres, eil comme une rofée qui tombe fur une plante infertile , c'eft comme une fe– rnence qu'on jette dans un lieu pierreux, & qui ne produit point de fruit par la mauvaile difpofition de la terre: car tout de même que dlns la nature, lorfque nous voyo:is ce météore apparent, que le5 philofophes nomment parélie, & qui re– préfente dJns une nuée comme dans un miroir la figure du foleil , il faut que la nuée où fe forme ce météore fait nette, claire , & bien difpofée pour recevoir dans fon fein les. rayons du foleil, & les réfléchir enfuite vers nous avec l'image de ce grand aitre ; ainfi dans la morale chrétienne, il faut que le confentement des parties qui contraél:ent un mariage , foit j Lifte, libre & foumis à l'autorité des loix, pour recevoir dans fon nœud la bénédiél:ion du Ciel&repréfenteren terre cette union myilérieufe dont le mariage efl: 1' emblême & la figure, autrement on éleveroit fouvent le crime fur les autels, on fouillerait les myileres de la religion, & l'engagementle pins étroit de la focié– té des hommes deviendrait fouvent ou le fruit de la débauche d'une fille , ou la récompenfe d'un f éduéteur. Quand Anne Dieulefit a dit par f on interrogatoire, que la ra!f on pour laquelle elle recevait Ber– ton à toute heure chez elle, n'a été que parce qu'il témoignait vouloir changer de religion, & qu'il y venait pour fe faire inilruire, & qu'enfuite après avoir abjuré laR.P. R. il avait eu de l'amour pour elle. Pour r~ponfe , ces moyens ne peuvent pas r~rv1r de couleur apparente pour couvFtr la f édutl:ion d'Anne Dieulefit : car ayant commencé par le crime·, quel feroit le fruit de ce faint côtnmerce, tout concourt à la conviél:ion de ce men– fonge , & n'y a p;i.s de vraifemblance à. ce que dit Anne Dieulefit, car cet aéle d'abjuration s'eil fait au même lieu où l'on avoit enlevé Berton, & au même temps ; ainfi ce n' eH: point en récom– penfe d'une inilruétion imaginaire, ni d'un changement de religion que Fran– çois Berton mineur, s'eil laiffé furpren– dre aux charmes impudiques d'Anne Dieulefit, il y a de l'impiété dans le pré– texte. François Berton n'a jamais chan– gé de religion , fon cœur a toujours défavoué ce qu'on avoit forcé fa main de ligner , mais ce fut pour parvenir plus facilement au but de la féduél:ion, c'eft– à-dire, à ce mariage clandeilin : ils lui ont ._fait figner cette abjuration feinte pour avoir une difpenfe , & pour trom– per les vicaires généraux de M. l' évê– que de Poitiers, & par conféquent ils en font feuls coupables. Quant à ce que l'on dit, que François Berton eil: un relaps , un apotlat , qu'il en demeuré deux ans dans l'exercice de la religion catholique, qu'après il a fait profeffion de la R.P.R. nonobilant fon abjuration, & qu'en cela il a violé la dé– claration du Roi , qui prononce des pei– nes f éveres contre ceux qui tombent dans cette faute. Pour réponfe , il f uffit de dire que cette objeétion eil inutile à la décifion de 1a caufe , car quel avantage peut-on tirer de cette circonfiance? quand Fran– çois Berton aurait eu le malheur de tom– ber dans une conduite contraire à la dé– claration du Roi , cela feroit-il quelque chofe pour leur juflification? Dieulefit en feroit-il moins un fubornateur, fa fille une féduéhice ? en feraient-ils l'un & l'autre moins coup1bles d'un rapt qui eft juflifié? au contraire, puifque le change– ment de religion , & le prétendu ma– riage qui en a été le fujet , ne font que les effets d'une même caufe , & qu'en tout cela François Berton n'a rien fait que ce que Dieulefit & fa fille l'ont fore~ de faire , ainfi que ce font eux feuls qui en font criminels, s'il y a du crime. Qu'il n'efi point néce!faire de raifon– ner f 1.Jt cette déclan.rion , puifque nos Rois ont accordé la liberté de con– fcience , pour des confidérations égale– ment faintes & judicieufes pour leurs fu– jets , & l'on peut dire dans cette occa-: e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_054 (05)
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