Auteur : Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France. Tome 4 : Des ministres de l'Eglise qui sont réguliers
t881 qui font régulier.t. Tir. V. CHAP. III. heure imité la maniere refpeltueufe & effi· cace avec iaquelle ces faints & Cages Pa– pes agilfoient avec les grands Princes. On peut voir dans les epîtres de S. Léon , de S. Grégoire & de plufieurs autres, comme ils parlent aux Empereurs & à nos Rois, lorfqu'ils implorent leur proteltion fi né– celfaire à Il' églife , & lors même qtù!s fe plaignent des chofes qui blelfent la liberté eccléfiafl:ique. Que fi ce grand S. Grégoire écrivait il y a près d'onze cents ans à run de nos Rois, que fa couronne l' éle– voit autant au-deffus des autres monar– ques, que leur dignité les difl:inguoit des autres hommes, comment doit-on traiter aujourd'hui un prince dont les vertus hé– roïques , le zele pour la foi, les ~dits , les foins & les libéralités pour achever d'étouffer l'hérélie, la valeur dans la guer– re, la jufl:ice & la modération dans la paix, élevent encore d'avantage la gloire au-deffus des autres Rois, que la noblelfe & h grandeur de fon royaume ? EH-il de ]a prudence de bleffer, pour une affaire lé– gere & fur des faux avis, un grand & puif– fant Roi, qui feul a le pouvoir, auffi-bien que la volonté de protéger utilement l' é– glife contre tous fes ennemis , elle n'en doit parler que dans des termes, dont le Pape Paul premier exprimait autrefois fa reconnoiff1nce & fon refpeét pour l'un de nos Rois ? G!oriofijfimus Rex per quem exa!tata Dei ecc!ejia triumphat & fides catho– lica ab h~reticoru.m u!o il!ibata confiflit. Ainfi l'Egliîe Romaine doit-elle ref– peél:er l'héritier de ces Princes qui l'ont enrichi de tous les grands états qu'elle polfede & qui ont 'toujours Cervi d'afyJe & de proteéteurs aux Papes perfécutés ; ainfi devrait-elle donner à ce Prince les noms illufhes de Fils aîné de l'Eglife & cle Roi Très-Chrétien, fi ces prédécef– feurs qu'il furpaffe par toutes les vertus réunies en fa perîonne, n'avaient lailfé oes titres glorieux attachés a fa cou– ronne , comme les récompenfes de leur piété & des graces qu'ils ont fait à l'é– glife. Cependant le Pape fuppofant que le Roi a nommé une abbeffe au monaf– tere de Ch1ronne, qu'elle y a été in– troduite fous ce prétexte, fans en faire aucune plainte au Roi , fans re~ourir ,à fa juil:ice, fans s'informer des drons de Sa Majefi:é; Sa Sainteté commence par caî~ fer 11 nomination du Roi, & tout ce qui -a été fait par ceux qui 0nt donné pro– ie'1:ion à fœut Marie-Angélique Le- maiilre, entre lefquels , feion Ies termes de ce bref, le Roi fe trouve particulié– rement compris. Il faudrait premiére• ment examiner s'il y aura un monaft.ere à Charonne , ou fi lon le fupprimera , ne pouvant pas apparemment fubfüler, & étant onereux à I'égliîe & à l'état, avant de <lifcuter fi la nominariom d'une abbeffe appartient au Roi , ou fi ce droit d'élire une fupérieure appartien– d~a .aux ~utres religieufes. Et s'il s'a– g1ffo1t prefentement des droits qui ap– partiennent au Hoi en général fur les ab– b.ayes de f 0:1 royaume, nous en trouve– rions_ les fondemens dans le temps de la pre1111ere race de nos Rois; nous verrions qu'ils en ont difpofé fous la feconde en faveur de telles perfonnes qu'il leur a plu, lorfqu'ils n;ont _pas jugé à propos de per– m~ttre les. cleé'ttons ,_ & que lorfque les pre· mters Rois de la tro1fieme r:ice, qui regne préfentement, les ont rétabli, ils s'y font confervé des droits qui égalaient prefque celui de nomin.Hion. l\.1ais fans entrer dans l'explication d'un droit dont il n'eil: pas que1tion, on peut s'alfurer que le Hoi n'entreprendra rien là-delfus qui ne f oit jufte, & Sa l\·!ajeil:é a donné des preuves trop éclatantes de fa modération dans des chofes auili importantes que celle-ci efl: légere, pour n'être pas perfuadé de certe vérité; & fuppofé m&me , ce qui n'arrivera pas , que le Roi nommât fans aucun droit , une abbelfe à un monaf– tere, le P2pe, qui felon le droit nouveau pourrait refufer des bulles en cette occa– fion, pourrait-il caffer un aél:e de cette na– ture ? Y a-t-il quelque raifon , quelque prétexte , quelque exemple qui puilfe autorifer une entrepriîe femblable ? Et fans s'étendre d'avantage là-deffus, il re– m:uquera feulement que les Hois prédé– celfeurs de S. M. nommoient i des pré– latures de leur royaume beaucoup plus importantes à l'F.glife de Dieu, plufieurs fiecles auparavant que les Papes euffent feulement la penfée de donner des bulles ' • I • a cenx qm en eto1enr pourvus. PafTant à la derniere partie des abus qui fe rencontrent dans ce bref, il faut con– fidérer que l'égliîe d1ns fon établitTement a voulu que chJque évêque exerçàt dans fon dioceîe cette partie de l'épifcopat univerfel qui lui en confiée' & que les cauîes futfent jugées dans les lieux où elles naiffoient. Suivant la police de l'empire, elle aétabli divers degrés de jurifdiétion,, e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_054 (04)
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