Auteur : Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France. Tome 4 : Des ministres de l'Eglise qui sont réguliers

·'11 qui font réguliers. tion étoit entre meffire Philbert , baron de Haro , appellant d'une fentence ren– due au préfidial de Mâcon , par laquelle fur la demande contre lui intentée par Chriiline de Haro fa fœur, à fin de par– tage des biens de fes pere & mere, il avoit été ordonné qu'il payerait à fa fœur Ja f omme de fix cents livres de provifion. La demoifelJe Chriiline de Haro, intimée, demanderelfe & appellante comme d'a– bus de l'obtention d'un monitoire obtenu par le Sr. de Haro, fon frere, pour juili– :fier par témoins le vœu & la profeffion de fa fœur dans le monaHere de Saàlle, dépendJnt de l'ordre de Cluni, dans le– quel elle· avait demeuré pendant trente années , revêtue de l'habit de religieufe. Langlois pour le fieur de Haro foute– noic que la demoifelle de I-Iaro fa fœur, étoit non-recevable en fon aélion à fin de partage, parce qu'ayant vécu en religieu[e & porté l'habit pendant trente ans dans le monailere de Saalle , elle ne pouvait rien prétendre aux fucceffions de fes pere & mere; que fi l'aéte de profefiion ne pa– roilfoit point, c'eil parce qu'il a été fouf– trait ; qu'il avait obtenu monitoire pour avoir preuve de la fouihaétion; d'ailleurs que la demoifelle de Haro étant demeu– rée pendant trente ans dans l'habit de re– ligieu[e , c'était une preuve & une pré– fomption fuffifante de la profeffion; qu'il ne falloit pas croire qu'une fille eût de– meuré pendant un fi long-temps dans un rnonailere fans vouloir être religieu[e. Le concile de Trente , fe!lîon 2 f. chap. 26. porte , que les filles qui après l'an de probation n'auront pas fait profe!lîon , foient mifes hors le monailere : Finito Lempore novatiatûs , faperiores , novitios quos habiles invenerint, ad profitendum ad– mittant , aut è monaflerio eos ejiciant ; qu'elle était d'autant plus non-recevable, qu'elle ne demandoit le partage qu'après trente ans , ce qui fa ifoit une prefcription contre f on aétion. Sever pour la demoifelle de Haro , difoit qu'elle était bien fondée en fa de– mande & en fan ·appel comme d'abus de la monition obtenue par le fieur de Haro fon frere. 1°. Les lettres monitoires n'a– vaient point été obtenues par permillîon d'un juge royal. En fecond lieu l'appel comme d'abus était indubitable, attendu qu'il étoit direétement contraire à l'or– donnance de Moulins en l'article L v. par lequel il eft dit que les preuves de tonfu- TrT. I. CHAI'. r.· 0 _11. res & profefiions de vœu tnonacal feront reçues par lettres , & non par témoins .. ainfi que le moyen d'abus etoit certain ; qu'il n'y avoit qu'un feul cas, & dans le– quel on peut être reçu à faire la preuve par témoins d'un fait de cette qualité > lorfqu'on alléguait la perte du regiflre où le vœu avait été écrit, qu'on pouvait être reçu à faire la preuve de la perte du regiihe , ce que le Sr. de Haro n'articu– lait pas: Et bien loin qu'il fût vrai qu'elle eût fait vœu, qu'au contraire elle rappor– tait une déclaration du couvent de Saalle par laquelle les religieufes atteiloientqu' el~ le n'avoit jamais fait voeu de profeffion folemnelle. Il était vr~i qu'elle ~oit pris la qualité de profelfe dans quelques aéles capitulaires , porté l'habit & voile noir de religieufe ~ to ~tefo.is cela ne faifoit pas une preuve JUibficattve de fa profeŒon exprelfe; mais pouvait faire préfumer une profeffion tacite, qui n'efl: pas fuffifante pour exclure de la demande de partage d'autant que les vœux tacites ne font re~ çus en France , & ne font plus en ufage. Dans les premiers fiecles les religieux fuc– cédoient à leurs parens ; mais cet ufage ayant été aboli, en même-temps les vœux: tacites furent abrogés. Il fut établi que les religieux ne fuccéderoient point, fuivant l'authentique, lngreffi, cod. de facrof. ec– clef. !. Deo nohis. §. hoc etiam cogn.itum. de epifc. & cler. Il fut auffi établi que les vœux feraient faits en public & folem– nellement, parce que dans le vœu y ayant deux contrats, l'un avec Dieu, par lequel une perfonne s'oblige au fervice des au– tels , voue fa virginité , & promet une obéilfance qui part du mouvement du cœur , dont la connoiffance app;irtient à. Dieu feu!, qui fcrutator efl cordium; l'au– tre contrat efl celui qui fe fait avec le public, par le moyen de la renonciation quel'on fait par le vœu à toutes les cho– fes du monde. C'eil la raifon pour la– quelle il fallait des marques extérieures, par lefquelles l'on pût connaître fi le vœu avoit été fait, parce qu'autrement on n, en pourrait rien juger ; ce qui fait que l'on a ordonné que les aétes de profe!lion fe– raient publics. Que fi fa demoifelle de 1-Jaro avoit été fi long-temps dans Je mo– nail:ere, c'eil parce qu'elle y avoie été mife dès l'âge de 7. ans; qu'à 1'1ge de 16. ans, ne s'étant pas fentie alfez forte pour por– ter les fatigues de la vie monailique, fon pere l'avoit laitfée en ce lieu , afin que B ij e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_054 (04)

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