Auteur : Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France. Tome 4 : Des ministres de l'Eglise qui sont réguliers

qui font réguliers. TrT. I. CnAr. Il. conféque~ce, il s'·enfuit qu'on vous dé– P.ouille de toute jurifdiétion , lorfqu'on fait mine de l'établir plus fortement, & comme l'autorité royale étend toujours !4s limi':es , l' acceffoire lui attire le prin– cipal, & ainfi elle connaît fous prétexte du temporel , au moyen du bien de l'état pour la manutention de la police de tou– tes les chofes faintes & véritablement {pirituelles. Autrefois onaccufoitles évê– ques d'excéder les bornes de leur puif– fance & de leur autorité fpirituelle , à caufe qu'en vertu du facrement de ma– riage, fous le titre de la fidélité des fer– rnens faits à Dieu , & pour la confer– vation des privilages des perfonnes ecclé– fiafliques, ils jugeoient prefque de tou– tes fortes de caufes , lefquelles fe rédui– fent à quelques-uns de ces chefs ; mais nous pouvons aujourd'hui , par le mal– heur des fiecles , & par l'abaiffement de la religion , convertir juftement cette plainte contre l'entreprife des tnagif– rrats féculiers , lefquels fous prétexte de la direél:ion de-la police , ufurpent le ju– ge:nent de toute~ les affaires eccléliafti– ques. Il efl: temps de répondre précifé– ment à cette diflinétion du vœu inté– rieur & extérieur de ces deux obliga– tions ; l'une contraéèée avec Dieu , & l'autre contraél:ée avec le public, & avec la famille. Je dis donc que l'argument tiré de cette double obligation , n' eil: qu'une fauffe couleur & un déguifèment pour fervir de prétexte à s'emparer de votre ju.rifdiélion, & que tant s'en faut qu'elle donne fondement aux juges fé– culiers de s'attribuer le jugement de la validité du vœu , qu'elle lui en interdit abfolument la connoiffance: car s'il pa!fe pour une iuaxime canilante, que le ma– giil:rat ne peut connoît1:e du vœu fimple ~ intérieur , comme d'un vœu particu– lier de chaileté, d'un vœu de pélérinage en la terre~fainte. Il s'enfuit en bien plus forts termes , qu'il ne peut connaître du vœu public & folemnel de religion. La théologie ne m'apprend-elle pas que le vœu fimple & le vœu folernnel le vœu intérieur & le vœu extérieur ;na– nife!1é par ccrtai_nes .céré;nonies publi– ques , ne font pamt diHingués elfentiel- 1ement , & quant à leur nature qu'ils ne different que par certaines circonilan- ces , f olemnités & cérémonies acciden- _telles , par lefquelles l' églife accepte & .rat.µie en public a_ux yeµx des hommes ce qui fe paffe dans le fecret de Ia con– fcience & au jugement de Dieu , lequel feul mefureles dimenfions de nos cœurs, & fonde les abymes de nos penfées. Et partant puifque la folemnité dll vœll n'eil: qu'un accident, qu'une condition introduite par le droit pofitif, une céré– monie purement eccléfiaflique qui ne change ni n'altere point la f ubitance du vœu, il s'enfuit que le juge qui ne peut connaître de fa propre confeffion du vœu fimple , ne doit point auffi connaî– tre du vœu de religion , ni quant à fa fubHance, ni quant à fes accidens , c'eft– à-dire , fes conditions folemnelles, qui font toutes de l'inilitucion de l'églife. Delà vient que Grégoire XIII. par fa, bulle en faveur des PP. Jéfuites , a atta– ché par une conceffion particuliere à. leur vœu, quoique fimple, la folemnité des vœux de religion , & a déclaré lei vœux fimples de ceux de cette Société, de même effet que les vœux folemnels de religion , & cette inatiere appartient fi véritablement à la jurifdiélion ecdé– fiaH:ique, que même le v~u folemnel de religion n'a pas été de tout temps une condition irritante du mariage : cette pre– miere confécration faite à Dieu, rendait bien à la vérité les n6ces illicites , mais non pas.invalides: de forte que quoique l'églife ait toujours eu horreur des ma– riages contraétés ~ar les perfonnes qui s'étoient dévouées a Dieu par le célibat, qu'elle les ait accufés de prévarication, & qu'elle y ait remarqué les déréglemens de l'incontinence , néanmoins elle ne douto_it point au commencement de leu.r validité: auffi voyons-nous que faint Paul en la premiere à Timothée , chap. f. condamne les vierges & les veuves , lef– quelles après avoir fait une profe.ffion publique de l'état de continence, après avoir ~hoifi Jefus-Chriil pour leur époux, ne pouvaient fe contenir dans un état fi heureux , fe laiffoient flatter des penf ées du m;iriage , & changeaient enfin de condition ; mais il ne donne point d'at– teinte à la validité de leurs mariages. Voici [es paroles: Cùmenim luxuriat.1.fue– rint in Chri/lo nubere volunt habentes dam– nationem , quia primam .fidem irritam fece– runt. De même les Peres de l'églife , f I;!· Ion les fentimens de faint Paul , faint Cyprien en fon premier livre, chap. 11. f ai nt Auguilin au livre de bono viduùatis, thap. io. inv.eétivent fortement conti:e X ij e-Médiathèque | Histoire Provence | YM_054 (04)

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