Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 3

65 Des cures & des Curés. T1T. III. CnAP. l. 66 ayenc rien prétendu de femblable, ni que le culte divin s'entretint alors autrement que des offrandes qui fe faifoient volon– tairement & gratuite1nent fur les autels. Que li quelqu'un voulait objetl:er que les prêtres & palleurs des peuples chrétien:~ écoient e111pêchés d'exiger ce <lroicdes lat– ques , candis que l'églife gémilToit fous le jougdes princes p:>.rcns, il feroic aifé de lui répliquer, que les gens de bien d'entre les chrétiens :iuroienc ,-olonriers paré ce droit de dixme à leur paileur , nonobtl:anr les perfécutions qui éroienc exercées contre eux, outre que l'obll:acle procédant du paganifme, aurait été levé dès la lin du troilieine liecle, par la conYcrlion de l'E1n– p.ereur Conllantin-le-Grand i la foi de J. C. & que durant les cinq fiecles qui ont fuivi cc 1nirJc11leux é\'éne1ne11t, le'i ecclé– fialliques n'ont point fon!;é dlvancage i faire valoir & excrc.:r ce droit im:iginJirc, qu'ils avaient fait durant les trois liecles ptécédens. E11deuxie1ne lieu, fi lesdixmcs éraient de droit divin, elles auraient été payées en quelque pavs que ce foie aux eccléfialliques plr les laïques, faifant pro– fellion de la religion chrétienne. Cepen– dant il ell notoire à un ch:i.cun , que les prêtres de l'ég_life Grecque, & 1nê1ne de toute l' églife Orientale, non feulement du– rant les huit premiers fiecles, qui one fuc– cédé i l'étJbliffe1nenr du chrillianifme , mais auffi durant les huit di:rniers, & juf– qu'à préfent, n'ont ja1nais prétendu que les la.lqu~s fulfent obliçés en confcience de leur pa)•er J.ucunc dix1ne , & que tt1ut ce qui éro1t offert par eux à ceux qui fer– vent;\ l':iurel, fût d'autre conditionG_!'e les olfrandes pure1nent volontJÎres. En troifie1ne lieu , fi les dixmes étaient de droit divin, il s'enfuivroit que les chré– tiens feraient tenus en confciencc de les parer exaltement & llrécifé1nent , fur le \>ied de la dixieme partie des fruits qui v f~roient enimés fujets , fans en pouvoir r~en rabattre. ni alléguer aucune prefcrip– tlon au contraire; & toutefois il el1 conf~ tant dans notre ufage, & de notoriété pu– blique à toue le monde, & ccux-1~ m~mc qui foutiennenc que les dixmes font de droit divin, en dc1neurentd'accord, que la quantité de la dixn1e fe peut légiti1ne– ment prefcrire, ou par l'urage univerfel d'une contrée, ou par la poffetlion de qua– rante ans de chaque r,articulicr: de forte qu'en ce cas les ecclefiafii~ucs ne la fau– roieot exif;er plus haut, qua. raifon de la Tome III. douzieme, quini.icme, v"ingt-quattieme & crentie1ne, ou de quelque autre partie qui foie moindre que la dixic1ne. S. Thoinas même a tenu qu'cncore :iujourd'hui les di>::mes ne font point dues tt::. néceflité précife, & que par coutume le droit de les parer peut être prefcrit; la. rJifon de cela· en, parce qu'au commence1nent de l'églife chrétienne, long-te1nps apri-s le regne des preiniers Empereurschrétie1110, les dixn1cs n'étaient pJ.s exigées des fideles, co111rne un tribut ; & une dette, mais feule1nent' demandées comme un préfenr, & une grJ· rification, ou plutôt une a11~ntine. Ce qui a fait dire i S. Jean Chryfol1on1e ciuc, uhi dtcimatft, ihietiamtletniofJ'na, i·. .'}:;1. J !,,;&., ••• ..,, .-._1~,u.G~,,,11, fuivant le l;:ilti1nent <les évêques de la province de Tour.aine, dans· la lettre qu'ils écrivirent aupcnple,, apr~s la fin du concile de Tours Il. Cl~lcfbré en· l'an de}. C. D.Lxv11.qui aétt:donnéau public pJ.r Jacques Sirmond,e11lon édition· des conciles de l'Eglife Gallicane : & de fait, il ne fe trouvera point plr les anciens· conciles, tant généraux que particuliers,: & 1nê1ne1nentpar ceux qui ont éte tenus en France auparavant l'an fcptcent \•i11gt, au-· quel régnoit Charles ~1artel, qu'il y foit fait 1nention des <lix1nes, &que lcsdix1ncs· y foient recommandées, que comme au- 1nônes, que les fideles font exhortés de faire à l'églife , pour détourner les 1nal • heurs & les c:1la1nirés, defquelles ils pnur– roienc être menacés. Que cese:<hortations· arane échauffé la piété, & excité l:i lib::ra– licé des perlonnes laïques, quelou-:s·uns d'entr'eux fe !nirentde leur bon gré l parer les dix1nes, de ce qui é~oit recueilli fur leurs héritages, aucommenccn1cnrp:ir dé– votion & fin1plicité 1 & dc;iuis par cout11- n1e & par obéilf1nce: car les cccléli,1!1i– ques fe pré\•alant de l'ignorlnce, dans la– qt1elle la barbarie de quelques Ji cc les a\•oit plongé les laïques , & du r:tpporr qui fe rencontrait entre les dixrnes qui leur étoient <Ion nées libérale111ent p1r le10 Ch ré· tiens, & les dixn1es que les J11if.10 t~toient tenns de p1yer aux lévites , perfu1derent pet!t à petit & preique i11ienlîblemei1taux laïques, avec le fuccès q!•c nous \'O}'OllS, que les dixines par1ni les Chrétitnsétoient auffi-bien de droit di,·in, que par1ni les Juifs, & cela étant ainli, les clochers de leurs lglifes leur tenoientlieu de titre, ~ Q~le.tous les Chr~ti~ns laïques étoient in– d1tl1nétement obliges en confcicnce 1 fous peine d'ex,ommunic:ition &. de damna.- E http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-03] Corpus | Histoire de Provence

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=