Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 3

l 5l Des cures & dtS Curés. TIT. 111. CHAP. V. 554 fément à la puilfance de l'évêque, ou la rendent impuilfante de corriger leurs ex– cès ou leurs mauvaiîes mœurs : elle ell enfin préjudiciable i lJ conduite des ames, parce que les fideles qui voient les pr~tres mercenaires & dellituJbles, n'ont aucune affeélion pour leurperfonne,aucun refpeét pour leur caraétere, ni aucune confiance en leurs confeils. ~-lais ce qui fait voir jufqu'à quel excès fe font portées les en– trep"rifes du chapitre• & coinbien il fe– roit dangereux de les confirmer, c'ell que non contens d'avoir fecoué le joug de l'o– béilfance qu'ils doivent à leur é\•êque, non contens d'avoir uni à leur menre, & fup– prin1é le titre de plufieurs cures pour aug– menter leur revenu 1 non contens d'avoir ufurpé les ttroits épifcopJux & acheté la jurifdiltion fpirituclle à prix d'argent, il5 ont ~alfé jufqu'à cette extré1nité de dou– ter sils Croient fujets du Roi , perfuadés que les privileges véritables ou fuppofés qu'ils ont obtenus de Rome, les pouvaient affranchir de lJ. jurifdiltion des puilfances temporelles & bien qu'ils ah:tndonnent aujourd'hui cette prétention chimérique, & qu'ils n'en proRofenc ni déclinatoire, ni incompétence, l'on ne peut voir fans indignation cette propofition fédirieufe écrite dans leur cartulaire & confervée dans lturs archives; en effet, quelle extra– vagance d'avoir ofé 1nettre par écrit que l'églifc & le chapitre de Chartres ne re– connnitTent que le Pape pour fupérieur fpirituel & temporel? qu'ils ne plaident point en la cour, ni devant les olticiers du Roi, & qu'ils traitent par a1nbalfadeurs avec leur fouverain. J_es eccléliafiiques dans les fiecles éloignés, fe font fou,·ent Rattts de ces penfécs d'indépcndJnce; & dans les bulles qui leur ont été accordées, ils }' ont fait inférer des claufes qui fem– hlent les fa,•orifer, mais qui rendent leurs exen1ptions entiérernent nulles & 3b11fi– ves 3 & qui pourraient fervir d'un n1otif puilTant pour réduire les choîes dans le droit coinmun par IJ. ré\·ocation de toutes ces conceflions gracicuîes. Et q1~oiqt1c l'autorité royJ.le, îoutcnuepar la ''1gueur des magillrars, ait depuis lon~-temps Jiffi– pé ces nua.ges qui ont troublé tanr de fois la férénité Je l'état, & que ces îéffiences de rehellion foient cnciére1ncnt érouffÇes, il en faut elÎacer juîqu'au 1noindre veOi– ge; & puiîque le chlpitre qui dc,·oit fup– primer ce regitlre, & l'en(evelir dans un -écernel oubli, a été alfez i1nr.rudent pour le faire paroÎtre _au jour & e con1n1uni– .qucr, no~ oc filuiioos 4îffin1ulcr fans cathédrales on collégiales n'ont pas un re– venu confidérâble pour foutenir la dignité épircopale ,de procéder à l'augmentation, foie par union de bénéfices fimples , ou par rédu[tion des prébendes à moindre nombre: elle fe donne bien garde de dire par union des cures, (Je hant qu'elles font d'une infiirution ttop noble & d'une di– gnité trop éle\•6e pour être mêlées & con– fondues avec une fonftion médiocre relie qu·en celle des p:-ébendes: elles font com· me ces n1éraux précieux qui ne fouffrent point l'alliage d'aucu:i qui foie d'un plus bas aloi: c'ell pourquoi dans les mémoires donnés lors de ces états, nous lilbns qu'on avoir propofé de révoquer abfolument toutes les unions des cures, étant plus Utile d'obliger les évêques de fournir des portions congrues J que de fouffrir ces remedes extraordinaires. Le dernier abus de cette bulle cil, que le })ape permet au chapitre de mettre en l'églife de S. Satur– nin des vicaires defiiruables & amovibles ad n11.tu.m. Cette faculté de dellitucr des curés qui doivent être perpétuels, cil tel– lement éloignée de l'intention & de la dif– ·r.oficion des canons J qu'ils ont perpécucl- emenc réprouvé les prêtres à gage, com– me préjudiciables à l'églife, à l'obéiffance des évêques, & à la conduite des ames fi– deles :1 l'égliie J parce que les chapitres d'un côté confiderant les cures unies à leur menfe comme un revenu temporel donné pour l'augmentation de leurs pré– bendes, négligent le foin des ames & l'ad– minillration des facremens : d'antre c6té les eccléfialliqucs qui ont de la fcience & du mérite, ne voulant point s'engager dans ces vicariats amovibles J qui n'ont aucun établi!Tcment foliJe & certain, les ch:tpirres font contraints d'y nommer des prêtres ignorans dans leur mininere, né– gligens dans leur devoir, 13.ches dans la correft:ion des mœurs, & intérelfés dans l'adminillr3tion des facremens: d'ailleurs, t~nt .les c~:inoi,nes 0 qui prépofcnt, que le v1ca1re prl·pofl', s expofent, 3U fcandale de la fimonie, les chanoines affermant le cafuel de l'C:glife au plus olfrant& dernier enchérilîeur , & le vic:iire qui en donne un grJnd prix, vendant bien cher 1 pour fe récompcnfer, l'ad1niniflrarion des fa· crcmens. C:ette liberté de de!lituer cil ou– tre cela préjudiciable à l'obéiffance de I' évC-que, d'JUtJnt que ces vicaires s'affu· rant de la prote{lion des chapirres , & pouvant changerde pL1ce fans courrir rif– que de rien perdre, en (ont plus e11trepre- 11ans & plus ha1dis 1 Cc dérobent plus ai- http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-03] Corpus | Histoire de Provence

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