Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 1

Des Cenfores qui ont été faites ou refues 6 5{ VII J. Extrait du 1nên1e procès verbal. Du mercredi 29. mars Io5!. à huit heures du matin, monfeigneur l' ar– chevêque d'Ambrun , prrfidant. L E lieur abbé de Chanvalon s'ell: mis au bureau , & a dit , que le lieur Z..1eufnier , doyen d'Orléans , avoit été charg~ d'exammer un livre que le pere de la Riviere, Minime, avoit compofé & publié dans le diocefe de Valence de la fainreté d'une femme nommée Marie Telfonniere: que le lieur Meufnier s'en écant excufé à caufe des affaires qui l'a– voient obligé d'aller à Orléans , mon– feigneur de Valence l'avoir prié de l'exa– miner pour en faire rapport à la com– pagnie. Il a donc repréfenré qu'apr~s la more de ladite Z..1arie Telfonniere , les peres Minimes de Valence avoient mis fon corps en dépôt dans la maifon où elle étoit décédée , pour attirer le peu– ple naturellement fuperll:itieux à rendre des honneurs à fa mémoire. Que par une piété indifcrete, plulieurs à leur perfua– fton avoient fait toucher des chapelets , & des médailles à ce corps, avoient pris des morceaux cle fa robe qu'ils avoient mife en pieccs pour en conferver les re– liques ; & qu'enfin le peuple lui avoit rendu par leur moyen un cuire auffi reli– gieux , que li l'églife eût rendu par un aéle de canonifation un témoignage pu– blic à fa fainteté. Qu'ils avoienr appellé comme d'abus de deux ordonnances de fon grand vicaire , l'une defquelles leur commandoit de s'abll:enir de cette faulfe vénération fous peine des cenfures; l'au– ne _de rendre l'églife ca~~édrale dépo– iira1rc de ce corps , iufqu· a ce que mon– feigneur de Valence en e.LÎt autrement ord~:mné. Que dans l'appréhenlion qu'ils avo1cnt eu qu'on ne leur ravît b fépultu· rc de cette femme , ils s'étoient rendus les maitres du .corps, l'avoienr arraché des mai1fs des ·prêtres qui voulolent le préfenter à l'églifc cathédrale & enfin l'avo.ient <lépofé par une YioÎence·fans P,ar~illc •, da~s ,une rles chapelles de leur eglife , eclarrc même fon tdmbeau d'une lampe ardente , &: au mépris defdites ordonnances lui avoient rendu le même culte qu'auparavant. Que monfeigneur de Valence ayant fait publier une lettre pall:orale , pour déro~ul'.e~ fon ~euple de ces abus & icelle ta.a a!Echer a la porte de leur églife , il\ l'avoient .fait anach~r. Qu'au mépris mcmc du fau:t ~1~ge , 1_ls avoient mis en p1eces la bulle d lrba1n VIII. imprimée fous cette patente, par la– que ile il exclut les régulie.rs de leurs .offi– ces , les prive de voix aébve & pailive , & les fufpend à divini~, l~~fqu'ils pu– blientles miracles, & qu ils dcterenr quel– que honneur religieux à ~eux do!lt l'é.glife n'a pas encore approuve la faurrete par la bouche de!'éveque. Que le pere de la Riviere quarante 1ours après le décès de ladite !vlarie T elfonniere , faifanr fon oraifon funebre , avoit publié plulieurs miracles , qu'il difoit que Dieu avoit opérés par fon minill:ere pendant qu'elle éroit dans le monde. Qu'il avoit com– pofé & publié un livre fans la permifiion de monfeigneur de Valence , rempli de vaines imaginations & de révélations ri– dicules, qui ne font propres qu'à abufer de la trop grande crédulité du peuple , qu'il avoit allégué contre toute forte de vérité & de raifon qu'il mettoit cet ou– vrage en lumiere fous l'autorité dudit feigneur évêque , duquel il difoir avoir reçu pouvoir par l'entremife de mon– fei~neur le coadjuteur de Montauban , éveque d'Utique , bien que lui-même lait défavoué en plulieurs rencontres ' Qu'il avoir augmenté fon livre de plu·. lieurs miracles , & de paroles indifcre– tes après l'approbation de me!lieurs Pey– teret & Chaillou , dolteurs en théolo– gie dont il avoit changé la forme. Qu'il a\•oit fait fervir à fon faux zele deux lettres de la Reine , qui lui ordonnoient de recueillir les aétions de ladite Marie Telfonniere, bien qu'il parût a!îez par une troilieme lettre qu'il reçut enfuicc des deux ~remieres , que la Heine pour fapsfaire a fa piété , ne prétendoit pas qu'il entreprît aucune choie contre l'au– torité de monfeigneur de Valence. Que l'églife Jvoit toujours pris un foin très· exalt de faire différence des Yraies &: des faulfes reliques , de crainte que le peuple ne fût abufé par une vaine fu– ~erl1ition. Que le premier fchifme d~s ponatines avoit pris naitfance de la dc;c vorion parciculiere d'une femme amb~­ ricufe nommée Lucilb , qui prit en hJ1- ne Ccciliçn, archcv~que de Carchage, par.:c http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-01] Corpus | Histoire de Provence

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