Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France : Tome 1

[7 s De la Foi Catholique. TrT. T, 176 qu'en eff~r cette parole'. ceci ,ft mon corps, prononcce fur la mat1ere que J C. ,.a choilie , nous ell ua ligne certa111 qu 11 ell prtÎ<!nt : & quoique les cholèS paroif– fent toujours les mèmes à nos fcns, no– tre ame en juge autrement o,u'elle ne fe– roit, fi une :J.lltorité fuptrieure r1·éroit pas intervenue. Au lieu donc qu_e de ~er­ raines elpeces & une certame fuite d 1m– prcllions naturelles qui fe font en nos corps , ont accourumé de nous déligner la fubllancc du p•in & du vin , l'auto– rité de celui à qui nous croyons, fair que ces mômes efpeces commencent à nous défigner une autre fubllance. Car nous écoutoilS celui qui dit que ce que nous pre– norz.s, & ce que nous mangeons eft fan corps; & telle eft la force de cette parole , qu'elle empêche que nous ne rapporrions à la fubllance du pain ces apparences exté– rieures , & nous les fait rapporter au corps de J. C. préfent: de forte que la préfence d'un objet fi adorable nous étant certifiée par ce figne, nous n'héfitons pas à y _porter nos adorations. Je ne m'arrête pas furie point de l'ado– ration , parce que les pl us doél:es & les plus fenfés de nos adverfaires nous ont ac– cordé, ily a long-temps, que la préfence de J. C. dans l'euchJrifl:ie, doit porter à l'adoration ceux qui en font per– fuadés. Au relle, étant une fois convaincus que les paroles toutes-puiffanres du Fils de Dieu operent tout ce qu'elles énon– cent, nous croyons avec raifon qu'elles eurent leur effet dans la cene aulli-tcît qu'elles furent proférées ; & par une fuire néceffaire , nous reconnoiffons la préfence n:elle du corps avant la man– ducation. :XIY. • Ces chofes étant fuppofées , le facri- "' F' rg:ificr fice que nous reconnoiffons dans !'eu– • m• '· chariftie n'a plus aucune difficulté par– ticulicre. Nous avons remarqué deux aél:ions d~n~ ce myfl:ere '·qui n~ laiffent pas d'être 41ll111él:es , quoi.que 1une fe rayporte à 1 autre. La prem1ere eft la confecrarion par laquelle le pain & le vin font chan~ gés au corps & au fang; & la feconde e.11.la manducation, par laquelle on y par– ticipe. Dans la con~écration , le corps & le fang font myfl:1quei;nen~ féparés, parce que J.. C. a ~lit feparement , ctci tfl mon 'orps, 'e" eft mon f4J!g; ce qui en- ferme une vive & efficace repréfentation de la mort violente qu'il a fouffcrte. Ainfi le Fils de Dieu efl: mis fur la fain– re table, e;i vertu de ces paroles, revêtu des fignes qui reprlfentent fa mort : c' eil: ce qu'opere la confécration_; & cerce a_c~ tion religieufe porte avec foi la reconno1f– fance de la fouveraineté de l)ieu, en tant que J. C. préfent y renouvelle & perpé– tue en quelque forte la mémoire d~ fon obéiffonce iufqu'à la mort de la croix; fi bien que rien ne lui manque pour être un véritoble facrilice. On ne peut douter que cette _aél:ion , comme dillinél:e de la manducation , ne foit d'elle-même agréable à Dieu, & ne loblige à nous regarder d'un œil plus pro– pice, parce qu'elle lui remet devant les yeux la mort volontoire que fon Fils bien– aimé a foufferte pour les pécheurs; oil plutôt elle lui remet devant ks reux fon fils même fous les fignes de cette mort, par laquelle il a été appaifé. Tous les chrl-tie11s conîefferont C1Ue la feule préfence de J C. elè une maniere d·interceflion très-1)t1ifiJ.11te devant l)ieu pour tout Io genre humain, felon ce que dit I' Apôtre, que J. C. fa prf{e;i!e & pa– roit pour nous Je1•ant la fa1.:e dt Dieu. . .-'\in... Ji nous croyons que J. C. préfent fur la fainte table en cette ligure de mort , in– tercede pour nous , & rcpréfente conti– nuellement à fon i;iere la mort qu'il a foufferre pour fon cglife. C'e!l en ce fens que nous difons que J. C. s'offre i Dieu pour nous dans l'eu– choriftie : c'ell en cette maniere que nous penlons que cette oblation fait que Dieu nous devient plus propice; & c'eft pourquoi nous l'appelions propitiatoire. Lorfque nous confidérons ce qu' opere J. C. dans ce mytlere , & que nous le vorons par la foi préfent aél:uellement fur la fainte table avec ces lignes de mort , nous nous uniffons à lui en cet état; nous le préfentons i Dieu comme notre unique viél:ime , & notre unique propitiateur par fon fang , prote!lant que nous n'avons rien à offrir à Dieu que J. C. & le mérite infini de fa mort. Nous confacrons routes nos prieres par cette divine offrande , & en pré– fenrant J. C. à Dieu , nous apprenons en même temps à nous offrir à la maje!lé ~ivine. en lui & par lui comme des hof– ttes vivantes. Tel eft le facriiice des chrétiens , infinimcn~ Hcb. 9, :.4• http://e-mediatheque.mmsh.univ-aix.fr/ [YM-54-01] Corpus | Histoire de Provence

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=