Zones marines protégées | Briand, Frédéric

Zones marines protégées 1577 le golfe d’Aqaba et pour les îles Spratly en mer de Chine, représenterait une pre- mière mondiale. Cette réalisation permettrait, au passage, en couvrant à elle seule plus de 20 % de la Méditerranée, d’atteindre largement les objectifs fixés à Nagoya. La proposition de la ciesm incorpore des caractéristiques uniques : en joi- gnant une côte à l’autre, ces parcs marins intégreraient eaux côtières et eaux pélagiques, ce qui permettrait l’application de mesures plus efficaces prenant en compte l’interconnectivité de ces écosystèmes. L’étendue substantielle de la zone protégée offrirait enfin un espace propice aux grands prédateurs qui se déplacent activement sur de longues distances, ainsi qu’une plus grande marge de manœuvre pour les gestionnaires de zones marines inquiets, à juste titre, des fluctuations climatiques annoncées. La sélection de ces 8 zones, validée par des biologistes, géologues et océa- nographes, a été guidée par le souci de préserver à la fois un biote menacé (par exemple, lits de corail blanc, phoques moines, rares espèces endémiques, ror- quals communs, frayères de thon rouge, biocénoses du domaine profond, etc.), des structures géologiques uniques (volcans de boue, canyons profonds, mon- tagnes sous-marines, bassins hypersalins) et des sites de formation d’eau pro- fonde qui sont chacun la marque de la Méditerranée. Une protection souhaitée et non imposée Les Zones marines protégées n’ont pas vocation à être des forteresses. La pros- périté de la Méditerranée dépendra de la capacité de tous ses acteurs de trou- ver, de concert, les solutions les mieux adaptées afin que puissent coexister sans dommage à la fois des paysages sous-marins uniques et fragiles et les activités essentielles à l’économie maritime et au développement des nations côtières. Sur la base d’outils modernes tel le zoning spatial, il est urgent que les gouver- nements et partenaires locaux définissent ensemble, en bonne intelligence, ici des zones avec restrictions temporaires de pêche, là des couloirs restreints pour la navigation, et rédigent des protocoles de fréquentation touristique pour les zones les plus vulnérables. L’avenir de la protection marine se dessinera à par- tir de dialogues, d’échanges et de formations communes entre régions voisines. Rien de cela n’est utopique : le succès de la coopération transfrontalière tripartite protégeant la vaste Wadden Sea en mer du Nord en est la parfaite illustration. Outre leur intérêt halieutique et écologique, les réserves marines présentent un attrait touristique majeur, déjà exploité avec succès par des centres de plon- gée ou des bateaux offrant une capacité de vision sous-marine. En Méditerranée – première destination touristique mondiale –, ce secteur est appelé à un dévelop- pement considérable, avec des risques évidents pour les écosystèmes concernés.

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