Waterfront | Cattedra, Raffaele

Waterfront 1567 d’eau assignés à des fonctions récréatives et de loisirs. Si, par rapport au Nord de la Méditerranée, ces opérations s’inscrivent dans le même mouvement général de requalification de structures portuaires obsolètes, de régénération de friches et de réintégration des fronts d’eau au centre des villes, au Maghreb les fragments urbains, objets de traitement, apparaissent pour le moment beaucoup moins concernés par l’urbanisme événementiel, mais ils sont en revanche caractérisés par le gigantisme et représentent des possibilités foncières assez attrayantes pour les investisseurs étrangers, en provenance notamment des pays du Golfe (Sama Dubaï, Emaar, Dubai Holding, Al Maabar) (Barthel, 2008 ; Cattedra, 2011). Les programmes envisageant la réalisation de marinas servent généralement de prétexte à la création de complexes récréatifs et d’hôtels, de commerces et ser- vices, de logements de haut standing et de centres d’affaires, d’équipements culturels et sportifs, etc. Outre les capitales Alger, Tunis, Rabat, ce type d’opé- rations est apparu également à Casablanca et dans des villes de rang inférieur (Tanger, Oran...), et il interfère avec le réaménagement et la requalification des corniches ou des baies urbaines. Alors que les phénomènes de réaménagement des waterfronts et des inter- faces urbano-portuaires ont tendance à se diffuser vers le sud, le mode de gou- vernance des opérations, les ambitions, les formes de coopération et d’autonomie des acteurs impliqués, les effets territoriaux, montrent une diversité de situations ainsi que des contradictions. Dans certains cas, les méga-événements s’avèrent être des « catalyseurs de la régénération urbaine » (Rodrigues-Malta, 2005, p. 98). Dans d’autres cas, les opérations concernant les fronts d’eau, notamment là où est manifeste la volonté d’autonomie des acteurs de pilotage, s’apparentent à un urbanisme d’opportunité et de rentabilité financière, qui semble remettre pro- fondément en question les logiques d’une pensée globale sur la ville. Certes, les acteurs publics restent présents mais ils ne sont plus les maîtres d’ouvrage uniques. Par ailleurs, le mimétisme et l’adoption de modèles architecturaux et urbanistiques internationaux et standardisés, axés sur le gigantisme et l’hyper- modernité, provenant de pays comme Dubaï, sont en profond décalage avec la tradition urbaine locale, notamment au Maghreb. En fin de compte, on peut considérer que les grandes opérations de restructuration et de revitalisation des waterfronts constituent un observatoire privilégié des mutations urbaines contemporaines. Raffaele Cattedra ➤➤ Architecture, cosmopolitisme, eau (ressources et usages), mer, métropole, modernité, patrimoine

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