Waterfront | Cattedra, Raffaele

Waterfront 1566 En parallèle, Lisbonne accueille en 1998 l’exposition « Les Océans », et Gênes, après avoir accueilli en 2001 une réunion très tumultueuse et contro- versée du G8 (notamment au niveau de la sécurité), au même moment que le Forum social, décroche (avec Lille) le label de capitale européenne de la culture pour 2004, ce qui lui permet d’asseoir la perspective de requalification des pay- sages portuaires et du centre-ville, déjà amorcée au début des années 1990. Toujours en 2004, Athènes accueille les Jeux olympiques (dont les dérives financières auraient participé à la condition d’endettement et de crise écono- mique du pays), tandis que l’année précédente Valence est désignée comme siège de la coupe America de 2007 (et n’oublions pas que Naples, Lisbonne et Marseille également avaient été finalistes de la compétition, et qu’elles avaient présenté des dossiers de candidature impliquant des projets de traitement des waterfronts !). Si à Valence l’événement sportif (fortement soutenu par le roi d’Espagne et le gouvernement central) s’inscrit dans un projet de requalifica- tion ambitieux, comprenant la restructuration de la darse intérieure du port (le Balcon del Mar) et l’extension des espaces portuaires et le déplacement de certaines activités, à Marseille la désignation de capitale européenne de la culture pour 2013 arrive plus de quinze ans après le lancement de la grande opération dénommée Euroméditerranée : une initiative fortement voulue par l’État, le plus gros programme de restructuration urbaine après celle du quar- tier de la Défense à Paris dans les années 1950, dont le point d’orgue est le traitement de la césure entre la ville et le port, et dont le fleuron n’est autre que la cité de la Méditerranée (la transformation du front de mer sur une lon- gueur de 3 km) qui comprend le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). On peut aisément considérer qu’au moins une bonne quinzaine de villes et métropoles portuaires de la Méditerranée n’échappe pas à cet urbanisme évé- nementiel qui caractérise, au tournant du xx e siècle, la mise en œuvre du projet urbain à travers la requalification du waterfront ; et si l’on considère celles qui ont été seulement candidates, on dépasse le nombre de trente. Sans vouloir en faire un bilan exhaustif, toute cette dynamique montre la concurrence effrénée entre les villes de la Méditerranée (notamment celles du Nord) qui se joue autour du réaménagement des waterfronts, mais aussi le fait que la mer Méditerranée est adoptée comme référent symbolique du dispositif de dénomination du pro- jet et de ses déclinaisons. Mais depuis la première moitié de la décennie 2000, nombreuses sont au Maghreb les opérations touchant de même au réaménagement des waterfronts. Sur l’ensemble des projets lancés ou annoncés (et un certain nombre suspen- dus ou arrêtés), les plus marquants sont sans doute ceux qui envisagent la reconversion de secteurs péricentraux ou plus périphériques, proches des fronts

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