Waterfront | Cattedra, Raffaele

Waterfront 1565 (Renzo Piano, Zaha Hadid, Ricardo Bofill, Rudy Ricciotti, Yves Lion, Stefano Boeri, Santiago Calatrava, etc.) et/ou par le biais d’un paradigme de revitalisa- tion urbanistique à caractère « événementiel » (Carrière, 2002). L’année 1992 a sans doute été une date emblématique pour l’urbanisme évé- nementiel méditerranéen. Barcelone se lance dans les Jeux olympiques alors que Gênes organise l’exposition pour célébrer le cinquième centenaire de la décou- verte de l’Amérique (les Colombiane), et que Séville accueille l’Exposition uni- verselle sur le thème homologue de « l’ère des découvertes ». Les fronts d’eau de ces villes représentent les espaces clés pour la mise en scène d’opérations d’urba- nisme à vocation événementielle, mais dont l’enjeu réside dans leur durabilité et leur reconversion fonctionnelle ou « ordinaire », une fois l’événement terminé. À partir de là, pour un grand nombre de villes de la Méditerranée, il s’agit de prendre acte d’une stratégie d’accumulation d’« occasions » (Indovina, 1993) : un processus qui aura tendance à se reproduire durant les décennies suivantes. Barcelone fait certes figure de cas précurseur et de paradigme à l’échelle de la Méditerranée, qu’il convient de rappeler à l’égard d’un phénomène de « repro- ductibilité » de son modèle à l’échelle d’autres villes. Les Jeux olympiques sont l’occasion de réaliser des restructurations d’envergure : l’enterrement de la voie qui court le long de la côte avec la réalisation de la Ronda Litoral ; l’aménage- ment d’une corniche piétonne ; la reconversion résidentielle de la Villa Olimpica ; la requalification du port historique en port de plaisance avec une aire récréa- tive et de commerce (le Maremagnum), séparée des quais proprement indus- triels et commerciaux. La ville s’ouvre ainsi à la mer, avec l’aménagement de nouvelles plages, devenues lieux de fréquentation ordinaires de résidents et de touristes. Puis, après avoir accueilli en 1995 la première Conférence ministé- rielle euro-méditerranéenne, dont la dynamique politique prendra par métony- mie le nom de « Processus de Barcelone », la ville organise le Forum universel des cultures en 2004 et, alors que le réaménagement du waterfront (compre- nant les emprises portuaires) se développe le long de la côte entre le rio Besós, le delta du rio Llobregat (en direction de l’aéroport), et que la Ciudat Vella se gentrifie, d’autres opérations, qui ont directement ou indirectement des retom- bées sur la dimension maritime, prennent le relais : le Forum, la régénération du quartier Poblenou (avec l’opération dénommée @22), Diagonal Mar, etc. Cependant, au détriment d’une vision stratégique et d’ensemble, d’un rôle de coordination entre acteurs institutionnels et locaux, et de l’attention aux espaces publics qui avait caractérisé le projet de ville jusqu’à la fin des années 1990, les dernières opérations ont assumé une empreinte de plus en plus néolibérale, qui laisse une marge beaucoup plus ample à l’initiative privée, aux investissements financiers, et montre une perte d’équilibre entre la dimension économique et sociale de la transformation urbaine.

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