Waqf | Deguilhem, Randi

Waqf 1559 religieuses en France, impliquent l’impossibilité, dans l’absolu, de les incorpo- rer dans un marché capitalisant le foncier de la région colonisée, chose guère compatible dans le cadre de la colonisation. En réalité, le pouvoir colonial va déclarer les propriétés appartenant aux habous vendables comme tout autre bien foncier. D’où l’intérêt premier, de la part des Français, d’étudier le waqf . Face à cela, une des premières tâches de l’administration coloniale française fut d’ac- quérir une connaissance théorique et pratique de l’institution du waqf et de ses opérations sur le terrain (notamment les moyens déployés pour louer les proprié- tés contrôlées par les waqf -s), afin de gérer les très nombreux biens leur appar- tenant. Des recherches empiriques et analytiques sur les waqf -s, menées dès la conquête et tout au long du xix e siècle par les administrateurs français ainsi que par les juristes algériens, sont publiées (en français) dans la Revue algérienne de droit de l’époque. La même chose se reproduit à la suite de la colonisation fran- çaise du Maroc et de la Tunisie durant les dernières décennies du xix e siècle, avec des études publiées sur la théorie mais aussi sur la gestion de waqf dans la Revue marocaine du droit et la Revue tunisienne du droit . À titre comparatif, cela est également le cas pour les administrations colo- niales britanniques, hollandaises et italiennes qui s’implantent, elles aussi, dans des régions à forte concentration de populations musulmanes où se pratiquent les différentes versions du waqf (respectivement Inde et Kenya, Indonésie et Malaisie, Libye). Comme dans le cas de l’expérience française en Algérie, puis au Maroc et en Tunisie, ces pouvoirs européens conduisaient des recensements des propriétés possédées par le waqf dans les espaces qu’ils colonisaient, accompagnés d’études, parfois très érudites, du système de waqf pour pouvoir ensuite interve- nir auprès des biens de ce type. Les études produites lors de l’époque coloniale jusqu’aux époques manda- taires représentent le début de l’état de l’art dans l’Occident en ce qui concerne le waqf . Il y aura ensuite un hiatus d’études par les instances européennes sur le waqf avec la fin de la période coloniale car le besoin européen de connaître pour contrôler cet outil disparaît avec la colonisation. Randi Deguilhem ➤➤ Colonisation, empires coloniaux, juifs, musulmans mots-clés Bénéficiaires, communauté, fondation, outil de société, patrimoine, réseaux socio-économiques, stratégies individuelles, waqf

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