Voyage | Bertrand, Gilles

Voyage 1546 Phénicie ou Liban, à la Palestine, à l’Égypte (La Porte du Theil et Cassas, 1799), sans oublier l’Istrie et la Dalmatie (Robert Adam, 1764 ; Lavallée et Cassas, 1802), ni l’Espagne (Alexandre de Laborde, 1806‑1820). Le goût des ruines, annoncé par Guys, s’exprima plus largement chez Volney dans son Voyage en Égypte et en Syrie de 1787. Les Anglais ne furent pas en reste dans le mouvement de redécouverte de la Grèce classique, comme en témoignent les dessins levés par Nicholas Revett et James Stuart (1751‑1753) ou ceux d’Edward Dodwell qui y voyagea en compagnie de Simone Pomardi (1805‑1806). L’Égypte fut décrite dès les années 1720‑1750 (C. Sicard, B. de Maillet, R. Pococke, F.-L. Norden), même si ce fut l’expédition dirigée par Bonaparte en 1798 qui donna un coup de pouce décisif aux relevés détaillés des monuments pharaoniques, débouchant sur la Description de l’Égypte de 1809‑1822. Quoi qu’il en soit, la Méditerranée fut le cadre privilégié d’un ensemble de découvertes qui firent de l’archéologie une science. On ne saurait oublier que des femmes, en particulier britanniques, ont occupé longtemps après la pèlerine et mystique anglaise Margery Kempe (vers 1373-­ après 1438) une place de choix dans l’« apprivoisement » de l’Orient méditer- ranéen par les Européens au xviii e et surtout au xix e siècle. Ces expériences féminines déjouent l’imaginaire tenace de soumission aux hommes, qu’illustre en 1706 le roman de Gatien Courtilz de Sandras, Mémoires de Madame la mar- quise de Fresne . Inspiré d’un fait divers qui fit grand bruit et dont Dumas s’em- para dans Sylvandire , il raconte que pour éliminer sa femme et s’approprier sa dot, un mari lui propose un voyage à Gênes dans l’espoir de trouver un vaisseau barbaresque qui fasse voile vers Constantinople, l’idée étant de la faire embarquer après l’avoir vendue comme esclave. Tout à l’inverse, Lady Montagu, épouse de l’ambassadeur anglais à Constantinople, inaugure en 1716 une saison de transferts médicaux avec l’Europe en acceptant de faire inoculer son fils contre la variole puis, de retour à Londres, en demandant l’inoculation pour sa fille. D’autres femmes la suivirent et affirmèrent en Orient leur autonomie. Après avoir tra- versé la France, elles s’embarquèrent pour les îles grecques, la Turquie, la Crimée, l’Égypte ou l’Inde. Ainsi en alla-t‑il de Lady Craven en 1785‑1786, d’Emma Roberts en 1828‑1829, de Julia Pardoe en 1836, d’Isabella Romer en 1845, ou encore de Florence Nightingale en 1849‑1850 puis en 1854‑1857, lors de la guerre de Crimée qui en fit une pionnière du « tourisme médical » moderne. Du voyage érudit à la fabrique des mythes littéraires Succédant à une prolifique littérature de pèlerinage à la fin du Moyen Âge, l’écri- ture du voyage enMéditerranée a connu un vif développement à partir de l’époque moderne, dont témoignent les récits en langue française. De la place importante

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