Voyage | Bertrand, Gilles

Voyage 1545 carte de l’Afrique du Nord sur la base des levés des côtes réalisés au cours de six voyages entre 1867 et 1876. La volonté de connaissance de l’espace physique, de ses limites et de ses périls naturels a eu partie liée avec le déploiement de l’activité politique et diploma- tique. Dès le milieu du xvi e siècle, Pierre Belon du Mans (1547), protégé du car- dinal de Tournon, ambassadeur auprès du Grand Turc, se rendit au Levant et en Égypte pour étudier les simples, orientant sa curiosité vers la flore, la faune et les minéraux. La Méditerranée fut au début du xvii e siècle un laboratoire de savoirs naturalistes, historiques et ethnologiques pour une série de Britanniques : autour de 1610, William Lithgow se rendit des Shetland à la Crète en passant par la Suisse et la Bohème, et il marcha de la Palestine jusqu’à Fès avant d’être arrêté comme espion à Malaga, tandis que le poète (et futur colon en Amérique du Nord) George Sandys se rendait à Constantinople. Plus tard, Pitton de Tournefort rap- porta 8 000 plantes de son voyage en Orient (1700‑1702) et Dolomieu affina dans les îles Éoliennes en 1781 sa connaissance du volcanisme. Voyages et missions savantes se multiplièrent avant comme après la campagne de Bonaparte en Égypte (Bourguet et al ., 1999). De la mission officielle de deux médecins naturalistes, l’entomologiste Guillaume-Antoine Olivier et le botaniste spécialiste de coquil- lages Jean-Guillaume Bruguière, envoyés par le gouvernement français en 1792 dans l’Empire ottoman, en Égypte et en Perse, résulte une relation éclectique et pluridisciplinaire publiée à partir de 1801 par Olivier. Celle-ci marque les limites et les difficultés d’une entreprise vouée à la connaissance : aléas des vents, animo- sité des habitants de Santorin, attaque des Kurdes, foudres du pouvoir impérial pour avoir dressé le portrait impitoyable de certains pachas, maladie de Bruguière qui mourut sur le chemin du retour, entraînant de la part de son compagnon une appropriation des travaux du défunt et un conflit avec sa famille. Les voyages en Méditerranée ont aussi joué un rôle moteur dans la naissance et le développement de l’archéologie. Les antiquaires ont montré le chemin, de Spon et Wheler en 1675‑1676 à Paul Lucas et de Pierre-Augustin Guys, sensible à la Grèce moderne dans son Voyage littéraire de 1771, à l’abbé Barthélemy, auteur d’une fiction didactique qui eut un grand succès, le Voyage du jeune Anarchasis en Grèce (1788). Après que l’architecte D. Le Roy eut publié en 1758 des des- sins d’Athènes (Ruines des plus beaux monuments de la Grèce) auxquels J. Stuart reprocha en 1762 leur imprécision (Antiquities of Athens) , les sites de l’Antiquité suscitèrent du début des années 1780 aux années 1820 des descriptions parfois austères comme celle de Le Chevalier sur la Troade (1798), mais souvent somp- tueusement illustrées. Ces « voyages pittoresques » s’appliquèrent successivement à la Grande Grèce, c’est-à-dire à l’Italie méridionale (Saint-Non, 1781‑1786), au Sud de la France (Jean Benjamin de La Borde, 1781‑1796), à la Sicile (Hoüel, 1782‑1787), à la Grèce (Choiseul-Gouffier, 1782‑1824), à la Syrie, à la

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