Voyage | Bertrand, Gilles

Voyage 1544 remporté au xvii e siècle par les relations des six voyages vers l’Orient du négociant en pierres précieuses Jean-Baptiste Tavernier, accomplis de 1630 à 1668, par les notations pittoresques de Thévenot qui se rendit entre 1655 et 1659 de la Turquie à Tunis et fut utilisé comme guide par tous ses successeurs, enfin par celles du fils d’orfèvre Paul Lucas, parues à la suite de ses quatre voyages effectués de 1688 à 1717 au Levant, en Grèce, en Asie Mineure et en Égypte. La Méditerranée aura été sillon- née et racontée par chacun d’entre eux, fût-ce sur la route de la Perse et des Indes. Sans retirer à l’AnglaisThomas Shaw le prestige qui fit de ses voyages en Barbarie et au Levant vers 1732 une autre référence incontournable pour le xviii e siècle, Denise Brahimi (1976) s’est penchée sur trois voyageurs français dans les régences d’Afrique du Nord, Peyssonnel (1724‑1725), Desfontaines (1783‑1785) et l’abbé Poiret (1785‑1786). Partageant les idées préconçues de l’époque sur l’immo- bilisme politique de ces États formellement soumis à l’autorité du sultan, ces derniers ne perçurent pas que la régence d’Alger glissait alors d’un pouvoir absolu mais anarchique exercé par le représentant du sultan vers un système oligarchique plus stable dans la capitale comme dans les provinces – évolu- tion à laquelle furent en revanche sensibles les rapports de consuls comme Lemaire ou Vallière. Le voyage comme source d’accroissement des connaissances En même temps que s’y manifestait une crainte de l’inconnu, la Méditerranée fut apprivoisée par ceux qui la pratiquaient. Les cartographes entreprirent d’ef- fectuer le relevé des côtes qui la bordaient. Dès la fin du xiii e siècle se développa avec la carte pisane une science cartographique qui devait culminer avec les tra- vaux de Chabert à partir des années 1753‑1759, puis déboucher en 1830 sur un substantiel Neptune de la Méditerranée . Cette vaste compilation réunissait les cartes de côtes réalisées depuis l’époque où Colbert avait envoyé une série d’ingé- nieurs le long des rivages de la Méditerranée, totalisant 13 missions entre 1679 et 1688. Les hydrographes se seront dépensés sans compter durant des siècles pour parfaire la connaissance des côtes et établir des cartes utiles aux navigateurs et, partant, aux voyageurs. Il en va ainsi du Portulan de la mer Méditerranée, ou Le Vray Guide des pilotes costiers , publié par l’hydrographe et cartographe Henri Michelot en 1709 avec le souci de montrer « la véritable manière de naviguer le long des côtes d’Espagne, Catalogne, Provence, Italie […] avec une ample des- cription de tous les ports, havres […] ». Entre autres missions d’hydrographes, on pourrait citer celles de l’officier de marine Ernest Mouchez, qui dressa la

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