Tsiganes | About, Ilsen

Tsiganes 1494 « mestier de bohémienne » et par le développement de la figure baroque de Belle Égyptienne . Cette figure s’invite aussi dans la constitution même de la littérature romanesque comme dans La Celestina de Fernando de Rojas et surtout dans la nouvelle de Cervantès, La Gitanilla . Les « entrées d’Égyptiens » animent aussi les ballets de cour et le théâtre de Molière ; les zingaresche italiennes deviennent un genre musical et théâtral à part entière à partir des années 1680 (Amic, 2012). En dépit d’une vogue artistique considérable, les caractéristiques culturelles des sociétés tsiganes sont la cible d’une répression qui s’accentue en particulier à partir du xviii e siècle. Dans le royaume d’Espagne, un acharnement exercé par la monarchie catholique à l’encontre des Gitanos est encouragé par le mouvement anti-tsigane des letrados , universitaires humanistes qui construisent le schéma de la « nation errante » en lui déniant le droit de se considérer comme un peuple à part entière doté de coutumes, d’une langue authentique et de costumes tradi- tionnels. Cette théorie particulièrement retorse se retrouve incorporée à la littéra- ture anti-tsigane qui prospère dès le xvii e siècle et se prolonge jusqu’au xx e siècle. En 1749, une rafle vise en Espagne l’ensemble des communautés citadines et vil- lageoises et les familles gitanes subissent une détention dans les arsenaux, accom- pagnée d’une confiscation de tous leurs biens. Une amnistie, décidée en 1783, ne permet pas un retour à la prospérité et provoque un déclassement général : le terme même de « gitan » devient alors interdit d’usage (Pym, 2007). Au xix e siècle, les Gitans de Grenade sont ainsi contraints de s’installer dans les cuevas , des habi- tations troglodytes, tout en développant l’art musical du flamenco qui exprime la nostalgie d’un passé révolu. Le paradoxe, qui voit coexister en Espagne un syncrétisme culturel remarquable et un déclin social, est patent : alors que les Gitans sont relégués aux marges de la société, le gitanisme (gitanismo) s’impose comme un phénomène culturel qui engage toute l’hispanité, des cafés urbains du xix e siècle ou de la culture de la corrida à la modernité du Romancero gitano composé par Federico García Lorca dans les années 1920. Contrastes et exceptions à l’époque contemporaine Au cours du xix e siècle, la diversification des sociétés tsiganes s’accentue. En premier lieu, la constitution des États sur la base du principe des nationalités modifie la typologie des communautés romanies de la Méditerranée orientale. Par exemple, ceux de Serbie, dont la présence est attestée depuis le xiv e siècle, sont rassemblés dans un sandjak (bannière), à la suite d’un enregistrement spé- cifique, attachés à la défense des princes, et forment les Serbika-roma  ; ceux de Transylvanie, issus d’une colonisation du xviii e siècle voulue par Marie-Thérèse et Joseph II, sont enregistrés comme Ungrari-roma . On assiste donc à une

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