Tsiganes | About, Ilsen

Tsiganes 1493 familles comme celles des Mallas, Sicas, Ferrando, Maldonado ou Bustamante dites cingani ou gitanos . En Sardaigne, l’acquisition du statut de vecinos , la citoyenneté locale, est une donnée systématique de la présence tsigane (Piasere et al. , 1996‑2004). Les limites de cette intégration ne proviennent pas d’une hypothétique margi- nalité sociale mais reposent sur une appartenance à l’Église grecque des origines, qu’elle soit catholique ou orthodoxe. En effet, les Zingari ou Gitanos, de rito greco , font l’objet des attaques répétées de l’Église catholique surtout après le concile de Trente, en 1563. L’essentiel des édits de répression des États du pape s’explique par la volonté d’éradiquer cette appartenance religieuse à laquelle on associait l’art divinatoire. Dans certaines parties de l’Italie, et en particulier à Rome, la répression culmine sous le pontificat de Pie V (1566‑1572) par la condamna- tion aux galères qui fut l’un des instruments de dislocation de ces communau- tés urbaines jusqu’au xvii e siècle, dans toute la Chrétienté méditerranéenne, en particulier dans la France de Louis XIV et Colbert. Les Bohémiens du royaume de France, structurés en compagnies militaires, subirent en effet une répression brutale, qui suit la déclaration royale de 1682 contre ces communautés et ceux qui leur donnent retraite : l’objectif était d’abattre la protection que les nobles accordaient aux capitaines de Bohémiens faisant partie de leur garde rappro- chée, suivant un modèle institué entre 1500 et 1550 dans le duché de Piémont- Sardaigne, dans l’ensemble du royaume de France et dans les Flandres ainsi que dans les pays germaniques ou dans le duché de Lituanie et de Pologne. L’âge baroque de la culture méditerranéenne incorpore, de manière pré- gnante, dans l’art et la littérature, les figures multiples des Bohémiens, Gitans et Zingari. La jonction effectuée dans l’esprit des érudits de la Renaissance entre l’exercice de la divination et la réappropriation des savoirs antiques suscite des attitudes contradictoires. Peintres et sculpteurs exploitent la double dimension égyptienne et antique , comme représentation de la Vierge, de la Sainte Famille durant la fuite en Égypte, voire de la sibylle de Delphes représentée en figura di donna in abito (à la mode) Zingaresco . Au milieu du xvii e siècle, une Stanza della zingara est même installée au cœur de la Villa Borghèse à Rome et s’or- ganise autour d’une statue de jeune femme, réemploi de statue antique, dont le drapé orné d’aigles et de dragons héraldiques incarne les armes de la mai- son Borghèse. Une tradition picturale initiée par l’école du Caravage répète à l’infini le thème de la diseuse de bonne aventure, placée dans l’intimité de la bourgeoisie et de la noblesse urbaines. L’aptitude à prédire l’avenir entoure les Bohémiennes d’un halo complexe de respect et de méfiance. Durant la période européenne de la chasse aux sorcières (1550‑1690), les Bohémiennes et même les Gitanes d’Espagne, pourtant surveillées par l’Inquisition, ne sont jamais brû- lées comme sorcières. Ceci s’explique tout à la fois par l’affirmation sociale du

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