Tsiganes | About, Ilsen

Tsiganes 1492 à Istanbul des quartiers qui se sont maintenus jusqu’à nos jours, sous la forme de mahala des Tsiganes, notamment à Sulukule. La destruction de ce quartier en 2012 a fait disparaître la trace presque millénaire de l’une des plus anciennes communautés romanies de la Méditerranée. Dans les territoires placés sous sujé- tion ottomane, il convient de faire une place à part aux provinces danubiennes de Moldavie et de Valachie devenues, au xix e siècle, la Roumanie historique, et qui connaissent le seul cas de mise en servitude de catégories variées de captifs achetés sur les marchés d’esclaves chrétiens de Ragusa (Dubrovnik) ou Istanbul et que l’on appelle d’un nom générique de Tigani. Dans cette région, l’esclavage de ces vastes communautés est aboli au milieu du xix e siècle et leur émancipa- tion conduit à une intégration durable dans tous les bourgs et cités où ils for- ment encore à l’heure actuelle un dixième de la population nationale roumaine (Gambin, 2008‑2010). Sur le plan linguistique, l’aire méditerranéenne représente le lieu privilégié de formation de la langue dite romani telle qu’ont pu l’observer de nombreux érudits depuis le xvi e siècle. Sur une base indo-aryenne, la langue romanie, le romanes , se caractérise par un apport néo-persan, langue administrative de l’espace d’influence persane depuis le ix e siècle, mais se trouve surtout constituée pour un tiers par un vocabulaire grec médiéval parfaitement homogène. Ainsi, le terme dromos , qui désigne l’administration des routes dans l’Empire grec, demeure dans le romanes pour qualifier la circulation. Les linguistes italiens de la fin du xix e siècle, comme Graziadio Isaia Ascoli, ont montré que la langue des Tsiganes des Abruzzes et de l’Italie du Sud ne comportait aucune trace slave ni germanique. La linguistique vient ici confirmer l’histoire : les migrations à partir des États grecs se sont ainsi produites sans aucune autre étape intermédiaire et s’inscrivent dans le cours nor- mal des vagues de populations propre au Moyen Âge tardif. Les sociétés tsiganes de l’époque moderne À partir du Trecento et du Quattrocento, l’intégration citadine est le modèle dominant en Italie et en Espagne : Naples possède un borgo degli Zingari  ; Jesi, dans le Molise, est appelée Castrum Giptiae ; en Espagne, comme dans toutes les villes nouvelles de la Reconquista, Almeria et Grenade possèdent un quartier gitan. Elisa Novi Chavarria a démontré que les Zingari méridionaux n’étaient ni des marginaux ni des nomades aux habits singuliers et aux coutumes étranges, mais bien une des composantes des sociétés urbaines (Novi Chavarria, 2007). La constitution de réseaux familiaux consolidés localement au fil des siècles apparaît notamment à travers l’étude des registres paroissiaux, italiens comme espagnols, qui font apparaître les généalogies et l’assise territoriale propres à des

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