Tsiganes | About, Ilsen

Tsiganes 1491 continentaux de l’Europe. Cette circulation qui s’étend sur près d’un siècle, de la fin du xiv e siècle à 1460, à la chute de la Morée, invalide définitivement l’idée d’une migration unique, située dans le temps, d’un peuple venu supposément de l’Inde. Cette circulation ne s’exerce pas uniquement par les routes conti- nentales de la Méditerranée orientale vers l’Occident, mais aussi par les routes des îles, entraînant une implantation citadine structurée dans toutes les cités de l’Italie du Sud, en Sardaigne et en Sicile, ainsi que dans toute la péninsule Ibérique (Soulis, 1961). Cette circulation est notamment contrôlée par Venise et Gênes qui sont alors les maîtres du commerce des hommes et des biens en Méditerranée. Dans le même temps, la présence tsigane est confirmée dans les pays polono-lituaniens, scandinaves et baltes, hollandais, flamands, germaniques et français puis, à partir des années 1500, dans les îles Britanniques. L’histoire des États grecs et latins qui succèdent à l’Empire byzantin, après la quatrième croisade (1202‑1204) et la fondation de l’Empire latin d’Orient, explique prin- cipalement ces mouvements d’hommes et en définit les cadres sociaux. Un pre- mier cadre militaire et diplomatique intègre, parmi les officiers grecs réfugiés en Occident, les ducs et comtes, dits ducos in Egipto Parvo – ducs de Petite Égypte –, c’est-à-dire des chefs militaires associés à l’une des circonscriptions byzantines, le Tagmata/Thema d’Épire, surnommée la Petite Égypte, ce qui expliquerait l’ap- pellation fréquente d’« Égyptiens ». C’est à ce titre que les rois d’Espagne, ainsi que d’autres princes des États d’Occident, accordèrent largement des cartas de seguro , lettres de sauvegarde, donnant à ces groupes un statut collectif de péré- grins. Le renouvellement sur audiences montre que ces Egipcianos étaient accueil- lis comme les autres « nations » chrétiennes forcées à l’exil, du moins jusqu’à la pragmatique de 1499 décidée par les souverains catholiques espagnols qui leur imposèrent d’opter pour la citoyenneté locale ou de s’exiler. Dans la Méditerranée orientale, les Tsiganes autochtones sont passés sous l’autorité des sultans à mesure de la progression ottomane. En Roumélie, por- tion du territoire européen sous contrôle ottoman, une administration spé- cifique de ces communautés est créée et concerne les Cingene, appelés aussi Tchinghianés, Chinganeh ou Kiptî, qui sont soumis à une capitation unique, la cizye ou haraç , qu’ils soient chrétiens ou musulmans, itinérants ou domici- liés. En 1475, cette capitation rapportait au sultan 8 000 ducats d’or, autant que la taxe sur les bains publics, ce qui traduit une pesée démographique impor- tante. Le recensement ottoman de 1523 donne près de 17 000 Cingene dont 570 en Bulgarie, 1 300 en Serbie, 3 100 en Asie Mineure, 2 500 en Grèce et 300 en Albanie. L’enquête d’Evliya Çelebi, le grand érudit voyageur ottoman, intégrée à son œuvre, le Seyâhatnâme , place le territoire originel des Cingene de Roumélie à Gümülcine (Komotiní), tandis que ceux d’Anatolie appartenaient au beylicat des Mentecheïdes, annexé par les Ottomans en 1426. Le sultan créa

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