Tsiganes | About, Ilsen

1490 Tsiganes Tsiganes La présence de populations dites « tsiganes » enMéditerranée, essentiellement sep- tentrionale, s’impose à la fois comme une évidence et comme une proposition pro- blématique qui supposerait l’existence d’une population homogène et unifiée par l’idée d’un nomadisme structurel. L’historiographie récente a mis en évidence une intégration totale et ancienne de groupes dont l’anthroponymie et l’onomastique manifestent à la fois une profonde implantation géographique et un déploiement dans l’ensemble de l’aire méditerranéenne. La méconnaissance qui entoure l’histoire des sociétés romanies et l’effacement de cet ancrage, pourtant durable et profond, au cœur des sociétés de la Méditerranée, inspirent toutes les formes de défiance vis-à-vis de ces populations. La reconnaissance extrêmement tardive des persécutions durant les années 1930 et 1940 a représenté par ailleurs un obstacle certain à l’in- clusion pleine et entière de ces populations dans l’histoire collective de l’Europe. L’élaboration contemporaine d’une figure archétypale du « Tsigane », cible d’un « antitsiganisme » toujours renouvelé, repose d’autre part sur une construction para- doxale, entre rejet et fascination, qui constate la permanence, le patrimoine culturel original et profondément européen ainsi qu’une capacité impressionnante d’adap- tation de populations du reste réputées vagabondes, allogènes et inconstantes. Les migrations récentes de l’Est vers l’Ouest de l’Europe, consécutives au démantèlement du bloc soviétique et à la situation économique de ces pays, ont singulièrement réactivé une xénophobie spécifique tout en catalysant les revendications visant à reconnaître l’égalité légitime des droits et la reconnaissance, problématique, voire discutable, d’une « minorité » rom (Mayall, 2004 ; Stewart, 2012). Une présence médiévale gréco-balkanique Ceux que les documents appellent Aegyptioni sive Zingari ou Cingari seu Aegyptiaci appartiennent aux migrations des réfugiés chrétiens, christianos gre- gos , des États grecs médiévaux et balkaniques vers les États méditerranéens et