Trois Rois, bataille des | Mouline, Nabil

Trois Rois, bataille des 1486 al-Mutawakkil (1574‑1576) fut contesté par ses frères et oncles. Grâce au sou- tien militaire ottoman et à une grande partie des élites locales, ‘Abd al-Malik al-Mu‘tasim (1576‑1578) réussit à renverser son neveu en 1576. Le sultan déchu essaya par tous les moyens de récupérer son pouvoir durant plusieurs mois. En vain. Il se résolut à demander le soutien des puissances chrétiennes. Il se tourna tout d’abord vers le roi Philippe II de Habsbourg (1559‑1598) qui l’éconduisit aimablement. Il entra alors en contact avec le roi Sébastien en 1577. La transaction entre les deux hommes était sans ambiguïté : le trône contre la rétrocession de l’en- semble des ports marocains. Le jeune roi put préparer sa « croisade » dans l’eupho- rie, malgré les réticences des grands de son royaume et l’opposition de son oncle Philippe II. Ce dernier, qui venait tout juste de signer des trêves avec les souve- rains ottoman et marocain pour pouvoir se consacrer aux affaires européennes, essaya en vain de le dissuader, notamment lors de l’entrevue de Guadalupe. Une expédition d’une telle envergure exigeait la mobilisation de moyens logistiques substantiels et une coordination rigoureuse. Or il n’en fut rien. La ferveur qui entoura l’expédition poussa ses promoteurs à commettre des erreurs fatales. Le roi Sébastien réunit ainsi presque dans la hâte une armée d’environ 10 000 hommes, pratiquement toutes les forces armées portugaises, auxquels s’ajoutèrent environ 7 000 mercenaires venus des quatre coins de l’Europe et un petit contingent de fidèles de Muhammad al-Mutawakkil. En plus d’être peu nombreuse, notamment par rapport aux troupes marocaines, cette armée souf- frait de plusieurs problèmes (l’impréparation des soldats, l’absence de généraux expérimentés, l’action désordonnée, etc.). Par exemple, le corps expéditionnaire quitta Lisbonne le 24 juin 1578, c’est-à-dire en plein été. Choisir un tel calendrier, avec le genre d’armure que portaient les combattants, était plus que hasardeux. Il était également accompagné d’un grand nombre de religieux, de domestiques et de femmes, ce qui le ralentit énormément et pesa sur les ressources. Les troupes portugaises arrivèrent à Asila trois semaines plus tard. Ce débar- quement ne fut pas une surprise pour le sultan ‘Abd al-Malik al-Mu‘tasim qui, informé de longue date des préparatifs portugais, essaya de convaincre Sébastien d’y renoncer en lui proposant des concessions territoriales autour des présides occupés. Il essuya un refus sec. Il décida donc de proclamer le jihad dans l’en- semble du pays et mobilisa les élites religieuses, notamment les confréries sou- fies, pour galvaniser la population. Il réussit très rapidement à mobiliser une armée de 30 000 soldats réguliers, bien entraînés et bien équipés, et environ 20 000 volontaires. Bien qu’atteint d’une maladie digestive, le sultan super­ visait son armée, secondé par son frère et héritier présomptif Ahmad, le futur al-Mansûr (1578‑1603). La rencontre eut lieu non loin de la rivière Wad al-Makhazin, le lundi 4 août 1578, vers 11 heures. Les troupes portugaises engagèrent la bataille par plusieurs

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