Trois Rois, bataille des | Mouline, Nabil

Trois Rois, bataille des 1484 Trois Rois, bataille des Wad al-Makhazin, l’un des affluents du Loukos, à mi-chemin entre les villes de Larache et de Ksar el-Kébir dans le Nord du Maroc, fut, le 4 août 1578, le théâtre de la « dernière croisade de la Chrétienté méditerranéenne » pour reprendre l’ex- pression de Fernand Braudel. La bataille de Wad al-Makhazin (dans l’historio- graphie marocaine), de Ksar el-Kébir ou des Trois Rois (dans l’historiographie européenne) peut être considérée comme le plus grand désastre de l’histoire portugaise et comme l’un des succès militaires les plus éclatants de l’histoire du Maroc. Cette bataille sonna en effet le glas de la grandeur du Portugal et de son indépendance, et permit au Maroc de jouir d’une réputation et de s’ériger en puissance régionale durant une courte période. Après la consolidation de leur position dans la péninsule Ibérique et l’avan- cée de la Reconquista, les Castillans et les Portugais portèrent leur regard sur les côtes marocaines. Poussés par un idéal de croisade mais aussi par l’appât du gain, les Portugais projetaient de contrôler le détroit de Gibraltar en occupant les territoires africains de celui-ci. Leur attention se porta naturellement sur la ville de Ceuta, terminus multiséculaire du commerce caravanier. L’occupation de la cité pouvait engendrer d’importants bénéfices symboliques et matériels : la ville fut occupée par surprise en 1415. Ce fut le point de départ des grandes découvertes. L’absence de réaction marocaine, à cause de la situation politique et économique désastreuse dans laquelle se trouvait le pays, encouragea les puis- sances ibériques, notamment le Portugal, à aller de l’avant dans leurs projets expansionnistes. Tous les ports importants du Maroc, à l’exception de Rabat- Salé, furent occupés au début du xvi e siècle. Si les conquêtes ibériques provoquèrent de très vives émotions parmi les popu- lations, notamment les élites religieuses, la réaction « étatique » tarda néanmoins à se mettre en place à cause de la désagrégation du pouvoir central représenté jusqu’en 1465 par les Mérinides. Ce n’est qu’après plusieurs décennies de quasi-­ léthargie que la résistance commença à s’organiser autour des confréries sou- fies, notamment dans le Sud du pays. Toutefois, les effets de cette mobilisation

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