Transe | Zillinger, Martin

Transe 1474 des « démonstrations » publiques de divination par des enfants autistes, ils réar- ticulent des formes traditionnelles de possession liées au dybbuk (« esprit d’un mort »), dans un langage moderniste (Bilu et Goodman, 1997). Une concurrence concernant les pratiques de médiumnisme à transe peut être discernée dans les trois monothéismes. Il y a quelques années, l’université pontificale de Rome a rétabli des programmes de formation d’exorcistes afin de disposer d’un nombre suffisant d’experts pour ses diocèses. Dans le christianisme tant catholique qu’évangéliste, des mouvements charismatiques promeuvent la possession par le Saint-Esprit pour chasser les forces sataniques. Et dans l’islam, des mouvements de réforme encouragent la guérison par le Coran comme une alternative acceptable aux cultes à transe locaux. Dans le judaïsme, l’exorcisme par des rabbins sert à contrôler des états déviants, mantiques, dans la religion dite populaire, depuis le xvi e siècle. À l’échelle locale toutefois, il se peut que les repré- sentations et pratiques de la transe et les formes ortho-pratiques de la religiosité aient toujours fusionné et se soient renforcées mutuellement ; c’est ce qu’avancent Stewart (1991) au sujet de la croyance en des exotica , Hauschild (2010) pour la magie en Italie du Sud et Boissevain (2006) pour les pratiques de Stambeli dans les tombeaux de saints locaux en Tunisie. Trajectoires de la transe au xxi e siècle En Méditerranée comme ailleurs, les objets, signes et personnes évoluent en per- manence, fusionnent pour former de nouvelles constellations et donnent nais- sance à de nouvelles formations et pratiques religieuses. Lorsque les personnes se déplacent, elles emportent avec elles leurs dieux et esprits. En outre le tra- vail académique mené sur la transe, sa mise en scène dans les États-nations et sa commercialisation au sein d’une société de consommation créent de nouvelles pratiques et de nouveaux publics pour la transe. Déjà dans la seconde moitié du xviii e siècle, la prolifération de cultes taran- tella en Espagne prend sa source dans un livre rédigé par un physicien italien, qui a trouvé un large public parmi ses collègues et successeurs espagnols. Sa tra- duction en anglais a donné naissance à des cas de tarentisme dans le Nouveau Monde (Horden, 2000), tandis que le travail ethnographique de De Martino est à l’origine de la renaissance actuelle du tarentisme dans le Salento. De même, l’ouvrage de Vincent Crapanzano (1973) sur les confréries à transe des Hamadsha est considéré comme un document historique par les acolytes contemporains, qui élaborent leurs propres historiographies du culte. Ils participent à un même mouvement général visant à standardiser et canoniser les connaissances et les pra- tiques de la transe dans des textes et des enregistrements vidéo, qui sont même

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