Tourisme | Cadoret, Anne

Tourisme 1456 concentre sur la zone côtière. Le développement touristique en Méditerranée a occasionné une forte artificialisation des sols pour les hébergements, les équi- pements, les infrastructures, les loisirs (golfs, piscines, etc.). À la forte pression résidentielle s’ajoute la pression touristique : 40 % du littoral méditerranéen est déjà bétonné, et la couverture urbaine est presque totale sur certaines côtes. Quelques-uns de ces espaces sont aujourd’hui densément urbanisés et l’extension de l’urbanisation y est ralentie (Costa Blanca, littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur, rivages près de la ville de Corinthe). On y observe un phénomène de densification de l’habitat sur les espaces déjà fortement urbanisés. Par ailleurs, certaines côtes tunisiennes et marocaines connaissent des processus de péri­ urbanisation et de développement touristique et semblent reproduire les modèles d’aménagement des rives nord de la Méditerranée (Cadoret, 2013). Des plages disparaissent car les apports en sable diminuent du fait de l’urbanisation. C’est le cas à Torremolinos, en Espagne, où 85 % du littoral est artificialisé (Plan Bleu, 2012). L’érosion est un enjeu important au niveau tant environnemental qu’économique. La quasi-disparition de la plage dans les années 1990 à Tanger a occasionné une perte de plus de 50 % des nuitées touristiques. La construction d’ouvrages de lutte contre l’érosion ou encore de ports de plaisance (au nombre de 946 en 2010, dont 253 en Italie [Cappato, 2011]) contribue à perturber le transport sédimentaire et modifie les courants déplaçant et déposant le sable sur les côtes. Les paysages se transforment, l’artificialisation gagne sur les terres agricoles, comme à Sousse en Tunisie. La surfréquentation des sites empêche la régénération de la végétation. Concentration du tourisme et surfréquentation Des mesures sont parfois prises pour limiter le passage sur des sentiers ou des îles. Ainsi, à Porquerolles, qui compte plus d’un million de visiteurs par an, des chercheurs aident les praticiens à mener une série de mesures pour définir une capacité de charge (Le Berre et al. , 2013). À Majorque, le parc national de l’archipel de Cabrera contrôle la fréquentation par le biais d’une mise en concur- rence des opérateurs de vedettes à passagers, basée sur la distribution de 6 lots de 50 000 visiteurs par an. Des études de fréquentation sont également menées depuis le début des années 2000 sur les lidos palavasiens (Audouit, 2008) où les pressions anthropiques sont problématiques pour l’avifaune, le maintien des dunes et la qualité de l’eau. Dans certaines îles, les densités touristiques dépassent 3 000 touristes par kilomètre carré. Les enjeux environnementaux y sont exa- cerbés comme à Malte, l’île d’Elbe ou Majorque. L’insuffisance de traitement des eaux usées nuit à la qualité des eaux de baignade, et cet état de fait est aggravé dans les lieux touristiques. À Rovinj, en Croatie, les rejets d’eaux usées vont directement à la mer sans traitement préalable. Les stations d’épuration,

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