Tourisme | Cadoret, Anne

Tourisme 1455 de la construction d’infrastructures et d’équipements pour la réalisation des sta- tions balnéaires, durant les dix dernières années, a créé des emplois et profité aussi aux autochtones (Jiménez et Guerrero, 2010). Le tourisme génère plus de 224 milliards de dollars de recettes en 2011 à l’échelle du bassin méditerranéen (Plan Bleu, 2012). Cependant, l’activité touris- tique reste souvent déconnectée du contexte local qui bénéficie peu des recettes : « Le tourisme terrestre de masse, essentiellement balnéaire, tout comme la croi- sière, en expansion, sont emblématiques des problèmes relatifs aux fuites écono- miques, à la capacité de créer de l’emploi et à la redistribution des retombées de l’activité touristique dans les territoires » (Plan Bleu, 2012). Dans le secteur des croisières, marché en plein essor, ce sont les ports « tête de ligne » qui jouissent le plus des retombées du tourisme. Au cours des escales, ce sont des sites déjà touris- tiques qui bénéficient des dépenses des touristes, comme les Ramblas à Barcelone, à proximité du premier port de croisière de Méditerranée. Des auteurs observent cependant un changement dans certaines régions, comme en Tunisie où des entreprises locales reprennent en main ce secteur généralement détenu par des tour-opérateurs (Pellegrin-Romeggio et al. , 2013). Dans la région d’Essaouira, au Maroc, émerge depuis peu un « tourisme informel » (Berriane, 2011), porté par des acteurs privés locaux. Celui-ci reste cependant déconnecté des grandes opé- rations de développement touristiques pilotées par les pouvoirs publics. Tout comme à l’échelle internationale, les inégalités demeurent frappantes et les disparités spatiales sont fortes (Dehoorne et al. , 2008). On note, par exemple, que les principaux foyers d’accueil touristiques restent en Europe. De plus, centré sur une vocation balnéaire, le tourisme en Méditerranée se concentre très large- ment sur les littoraux, créant des disparités au sein des États comme en Tunisie ou au Maroc, où l’arrière-pays a été délaissé par les politiques de mise en tou- risme (El Bahri et Pupion, 2014). Impacts environnementaux, enjeux en termes de durabilité L’artificialisation des littoraux La concentration spatiale et saisonnière qui caractérise le tourisme en Méditerranée a des impacts négatifs sur les territoires. Sans nier le fait qu’elle puisse être porteuse d’une dynamique de protection ou de prise en compte de l’environnement (Huete et Tros De Ilarduya, 2013), cette activité a indénia- blement des effets dommageables sur les milieux et en particulier sur les espaces sensibles comme les littoraux. En Grèce par exemple, 90 % du tourisme se

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