Tourisme | Cadoret, Anne

Tourisme 1463 du modèle touristique dominant se matérialisent par la création de labels de qualité. Cependant, le touriste est aujourd’hui soumis à une perte de lisibilité dans la multitude de labels lui assurant répondre aux principes du développe- ment durable. Ces nouvelles formes qui émergent (écotourisme, tourisme soli- daire, éthique, responsable, patrimonial, etc.) demeurent à la marge. Les enjeux associés à une standardisation de l’offre interrogent un certain nombre de prati- ciens et de chercheurs qui tentent de révéler et de comprendre les mécanismes à l’œuvre pour répondre aux exigences du développement durable. Il s’agit tout particulièrement de limiter les impacts négatifs, gérer la fréquentation, canali- ser les flux, ne pas nuire à la « qualité » du site, réduire et anticiper les conflits d’usage, valoriser les savoir-faire locaux et être bénéfique aux populations locales. Le bassin méditerranéen demeure la région du monde la plus attractive si l’on considère les chiffres du tourisme international. Cependant, un certain nombre de déséquilibres sont sensibles. Il existe des disparités spatiales fortes. Les princi- pales régions touristiques sont les rives nord-méditerranéennes et les littoraux. Les espaces récepteurs sont des espaces construits, aménagés par et pour le tou- risme, leur existence est le fruit de processus de mise en tourisme différenciés, où les contextes politico-économiques ont joué un rôle majeur (guerres civiles en Espagne et en Grèce, troubles au Moyen-Orient, planification volontariste ou non, etc.) et où les entreprises privées investissent des marchés particulière- ment lucratifs. Mais les territoires touristiques ne bénéficient que d’une partie des recettes du tourisme. S’opposent alors sphère commerciale et sphère terri- toriale (Cazes, 1992). Cette inégale distribution des recettes dans ce secteur reste un enjeu majeur du tourisme en Méditerranée, ainsi que la standardisation de l’offre, la saturation des destinations les plus anciennes, les dégradations environnementales engen- drées par les activités touristiques (Plan Bleu, smdd 2005, révision en 2014). Or les inégalités se creusent, et le tourisme durable repose sur des expériences diffuses qui restent marginales à l’échelle du bassin. Le tourisme en Méditerranée suscite des débats, tant au niveau des opéra- teurs (sur les destinations à privilégier), qu’à celui des décideurs politiques (sur l’attractivité des territoires), des aménageurs (sur la planification à engager), des chercheurs (sur les avantages et les limites de tel ou tel modèle de développe- ment touristique), des touristes (sur les offres les plus adaptées), des habitants (sur les ressources patrimonialisées), révélant un fait social complexe au cœur des grands enjeux du monde méditerranéen. Anne Cadoret

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