Tourisme | Cadoret, Anne

Tourisme 1460 c’est-à-dire de transformation des lieux pour le développement d’hébergements et d’activités touristiques qui a parfois été très rapide (Knafou et Stock, 2003). Les espaces non touristiques à l’origine, puis investis par le tourisme au point d’en dépendre totalement à l’heure actuelle sont des espaces qui ont subi un processus de subversion, comme Venise. À Palavas-les-Flots, en France, l’an- cien village de pêcheurs s’est totalement tourné vers les activités touristiques en moins d’un siècle. La pêche a été intégrée au système touristique et le paysage urbain s’est profondément transformé. Le tourisme a relayé une activité écono- mique en crise, ce qui est fréquent en Méditerranée quand l’économie locale rencontre des difficultés. Le deuxième processus concerne les situations où le tourisme, comme à Istanbul ou à Marseille, est une activité parmi d’autres (processus de diversion). En revanche, si la ville dans son ensemble n’est pas subvertie par le tourisme, cer- tains quartiers sont monofonctionnels, comme celui de Plaka à Athènes, totale- ment dépendant de l’activité touristique. Enfin, certains lieux touristiques sont le fruit d’un processus d’invention. Il s’agit par exemple de stations balnéaires créées de toutes pièces pour le tourisme et parfois déconnectées des réalités socioculturelles du territoire : c’est le cas des résidences fermées (resorts) à Djerba ou dans la région de Murcie en Espagne (François, 2011). La mise en tourisme et sa démocratisation (c’est-à-dire le passage d’un tou- risme de luxe à des formes plus accessibles) se sont réalisées de façon plus ou moins rapide selon les contextes socio-politiques des États et selon les actions d’aménagement et de planification mises en place par les pouvoirs publics. Rôle majeur de l’État Les lieux touristiques sont aussi, souvent, le fait de choix stratégiques planifiés à l’échelle de l’État, qui joue alors un rôle majeur dans le processus de mise en tourisme de certains territoires. En effet, l’État intervient de plusieurs façons dans le développement touristique : en légiférant sur le temps de travail et les calendriers scolaires, en planifiant des aménagements touristiques, en encoura- geant les investisseurs en leur proposant des conditions attractives d’implantation d’entreprises sur un territoire, en développant les infrastructures de transports (comme l’autoroute Carthagène-Vera qui fonctionne depuis 2007 en Espagne et permet de desservir les stations touristiques le long de la côte), en créant des offices chargés de la promotion du tourisme (dès 1919 en Italie), en contrô- lant les flux des nationaux vers l’étranger (comme en Grèce jusqu’en 1992), etc. En Espagne, les Plans nationaux de développement des années 1960 placent le tourisme au premier rang et favorisent l’amplification de la capacité d’accueil : le nombre d’hôtels double de 1963 à 1972 (Battilani, 2007). En France, dans

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