Terrasses | Lazarev, Grigori

Terrasses 1445 terrasses irriguées dans certaines vallées méditerranéennes d’Espagne et de Grèce mais sans jamais avoir l’ampleur des systèmes d’irrigation des vallées atlasiques (ce sont, en général, les basses plaines, les vegas en Espagne, qui ont été aména- gées pour la culture irriguée). Depuis deux ou trois décennies, les pouvoirs publics ont commencé à s’inté­ resser aux terrasses abandonnées. Plusieurs facteurs ont contribué à cette prise de conscience et, en particulier, les effets de cet abandon sur l’érosion des ver- sants, les risques d’incendie que créait leur envahissement par la forêt de pins près des zones habitées, la valeur paysagère et patrimoniale des terrasses, l’in- térêt économique de la réhabilitation agricole de certaines zones de terrasses, notamment à la périphérie des villes. La Commission européenne a ainsi ins- crit leur réhabilitation dans le volet « développement rural » de la politique agricole 2007‑2013. En Ligurie, des associations se sont créées pour encou­ rager la restauration de terrasses abandonnées. En Turquie, où l’agriculture en terrasses est très peu développée, des entrepreneurs créent des terrasses en favorisant l’érosion en amont afin d’accumuler des limons et de constituer des champs mécanisables derrière des murs de soutènement. Des entrepreneurs turcs ont su ainsi créer des champs terrassés en une quinzaine d’années (P. Gabert, cité dans Méditerranée , 1990). Cette technique reprend le modèle des jessour de Tunisie et celle que l’on pouvait observer en Toscane au xviii e siècle (création de chasses d’eau à partir de réservoirs constitués en amont afin de remblayer des terrasses en aval). L’une des expériences les plus nova- trices est probablement celle qui a été développée dans le Parc national des Cévennes. La réhabilitation des terrasses y est en effet associée à la formation aux métiers de construction en pierres sèches. L’un des projets, qui a trans- formé le paysage, s’est inscrit dans un plan de développement local de la vallée du Gardon de Saint-Jean (Martin, 2006). On ne peut pas terminer ce panorama des terrasses en Méditerranée sans se poser une question qui, en fait, concerne la problématique des grands sys- tèmes de mise en valeur des montagnes méditerranéennes. Pourquoi, en effet, les populations rurales de certaines régions montagneuses n’ont-elles pas cher- ché à maîtriser leurs versants par des aménagements du type terrasse, alors que l’on y trouvait les mêmes conditions de pente, de climat et de sols que dans les régions où se sont développés des systèmes de terrasses ? Jean Despois, dans un article sur les terrasses en Afrique du Nord (1956), se demandait pourquoi on n’en trouvait pas dans le Maghreb septentrional, à l’exception de quelques-unes irriguées. Il observait, en même temps, qu’on en retrouvait des traces anciennes dans le Maroc central et dans les régions autre- fois occupées par la romanité. Les agriculteurs kabyles lui avaient expliqué que les champs étaient suffisamment protégés par la plantation intercalaire d’arbres

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