Taha Hussein | Deheuvels, Luc-Willy

Taha Hussein 1415 Taha Hussein (1889‑1973) Surnommé le « Doyen des lettres arabes », Taha Hussein est l’un des plus grands écrivains arabes contemporains. Il est aussi un penseur majeur de la modernité arabe, un homme dont les prises de position restent d’une actualité brûlante. Né en 1889 dans une bourgade de moyenne Égypte (Maghâgha), il est le fils d’un modeste employé de sucrerie, cinquième d’une famille de onze enfants. Privé de la vue avant d’avoir atteint 6 ans, sa vie sera un long combat contre les vicissitudes du destin, une lutte pour vaincre les ténèbres, menée avec force et obstination, en usant de la raison comme arme, et d’une prodigieuse mémoire comme instrument. Taha Hussein s’élève par le savoir : après avoir appris le Coran dans l’école de sa bourgade, il arrive en 1902 à al-Azhar, la Grande Mosquée-université du Caire, où il étudie jusqu’en 1910 ; il y subit l’attrait des réformistes musulmans et y manifeste plus d’inclination pour la littérature que pour les sciences religieuses dont il critique, avec force, l’enseignement traditionnel et sclérosé. Dès 1908, il s’inscrit parallèlement à l’Université égyptienne nouvellement fondée. Il est ainsi en contact avec des orientalistes comme Carlo Alfonso Nallino, David Santillana, Ignacio Guidi et Louis Massignon. Il est en mai 1914 le premier à y obtenir un doctorat. Sa thèse porte sur le poète médiéval Ma‘arrî, dont la cécité et les audaces de pensée séduisaient Taha Hussein, qui toute son existence vit en lui un miroir. Il lui consacrera trois livres. Bénéficiant d’une bourse d’études, il s’embarque en 1914 pour la France où il étudie d’abord à Montpellier, loin du front de la Première Guerre mon- diale. Il gagne Paris en 1916, et, entre la Sorbonne et le Collège de France, suit les cours d’Émile Durkheim, Gustave Lanson et Charles Seignobos. Il apprend le latin et le grec, épouse une Française, et soutient un second doctorat, celui- là sur Ibn Khaldûn. De retour en Égypte en 1919, il lutte pour la propagation du savoir et de la raison, en tant qu’enseignant à l’université du Caire, qu’il dirige entre 1936 et 1939 avant de fonder l’université d’Alexandrie en 1942. Ministre de l’Instruction

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