Sucre | Ouerfelli, Mohamed

Sucre 1408 Ce sont probablement les médecins nestoriens de l’école de Jondîshâpûr qui ont mis au point les techniques de transformation et de raffinage du sucre. Ils sont les premiers à avoir utilisé ce produit dans la préparation des médicaments pour les besoins de leur hôpital. Ils ont contribué de manière significative à le diffuser à la cour des califes abbassides, où ils ont été appelés pour exercer la médecine. C’est par cette voie que la Méditerranée a découvert l’intérêt du sucre comme étant à la fois un médicament et un produit de luxe consommé dans les cours royales et princières. Une nouvelle industrie L’industrie du sucre a connu un développement spectaculaire en Syrie ; elle se maintient durant la présence franque. Après 1291, les Latins assurent la conti- nuité dans le royaume de Chypre qui devient, grâce aux efforts de la famille royale des Lusignan, des ordres militaires et religieux, en particulier les hospita- liers, et de la famille vénitienne des Corner, l’un des plus importants centres de production dans la Méditerranée orientale. En Égypte, la canne à sucre a connu un essor remarquable ; son établissement ancien dans la vallée du Nil a permis de perfectionner les techniques de raffinage du sucre et d’en fabriquer de nom- breuses qualités, très appréciées sur les places marchandes internationales. Dès la fin du xiv e siècle, alors que l’activité sucrière en Égypte et en Syrie s’essouffle, conséquence des crises politiques et des difficultés économiques du sultanat mamelouk, les centres de la Méditerranée occidentale profitent de cette conjoncture, marquée aussi par la hausse des prix du sucre et sa raréfac- tion. L’émirat nasride de Grenade multiplie ses exportations vers les marchés de la mer du Nord, grâce à une présence active de marchands génois impliqués dans ce trafic, au même titre que celui des fruits secs et de la soie, les trois prin- cipaux produits d’exportation. Parallèlement, la Sicile entre dans la sphère des centres producteurs, multipliant plantations et trappeti (« sucreries »), notam- ment autour de Palerme. Le basculement se poursuit avec l’entrée en scène du royaume de Valence, qui adopte le modèle sicilien, et développe son industrie sur les terres de la noblesse et de la chevalerie, qui s’allient avec des hommes d’affaires et des compagnies commerciales étrangères. La prospérité de cette activité en Méditerranée est en revanche vite menacée par le transfert de la canne à sucre vers les îles atlan- tiques. Climat parfaitement adapté, sols fertiles, abondance de l’eau et du bois de chauffe concourent à l’expansion de l’industrie du sucre, à l’augmentation de la production et, par conséquent, à la concurrence des centres méditerranéens. Ceux-ci deviennent de moins en moins rentables face à l’emploi massif de la

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