Ruralité | Durbiano, Claudine

Ruralité 1360 Le déclin et la pauvreté de la population rurale Depuis cinquante ans, le pourtour de la Méditerranée connaît un intense mouve- ment d’urbanisation, une déconsidération de la civilisation agraire traditionnelle et une marginalisation des espaces ruraux, d’où une accentuation des disparités socio-économiques entre les villes et les campagnes. À ces contrastes internes s’ajoutent les oppositions entre les différentes rives. À l’est et au sud, la population rurale, en forte contraction, reste importante malgré l’exode vers les villes et l’étranger, en raison du maintien d’une fécondité élevée bien qu’en baisse. Si la part relative de la population rurale est moindre, elle a parfois progressé en valeur absolue, ainsi enTurquie, en Égypte et au Maroc où la densité peut atteindre 100 hab./km 2 . Plus de la moitié de la population rurale reste agricole, mais sur le plan national, bien qu’en Turquie, au Maroc et en Égypte, elle ne représente plus que 30 % environ de la population active, autour de 20 % en Algérie, Tunisie et Syrie. La majorité des populations pauvres habite en zone rurale. Malgré quelques progrès, notamment en Tunisie et au Maroc, population rurale et pau- vreté se confondent tant sur le plan monétaire que pour l’accès aux services publics et privés (éducation, santé, électricité, eau potable…). Les disparités ville-campagne restent très fortes pour la fécondité, la mortalité infantile et l’illettrisme. En revanche, sur les rives méditerranéennes de l’Union européenne, la popu- lation rurale ne regroupe plus qu’un quart environ de l’ensemble de la popula­ tion totale, et les actifs agricoles sont très minoritaires (moins de 10 % de la population active et le plus souvent moins de 5 à 6 %) face aux autres catégories socioprofessionnelles. L’exode rural à partir de la seconde moitié du xix e siècle a vidé les campagnes, d’où des villages désertés, des densités de population faibles et un vieillissement accentué. Le déclin démographique a été plus précoce en France que dans les péninsules où il est essentiellement postérieur à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi plus rapide et brutal. Les modes de vie urbains et ruraux convergent, même si les revenus des ménages sont globalement moins élevés à la campagne qu’à la ville. L’électrification et l’accès à l’eau sont généra- lisés, mais la désertification humaine pose le problème du maintien des services publics. Toutefois, depuis une vingtaine d’années, parfois davantage, on assiste à une certaine « renaissance rurale » à la suite de la diversification des fonctions des espaces ruraux (fonction résidentielle, avec l’allongement de la distance au lieu de travail, fonction touristique). Les espaces ruraux méditerranéens sont par- ticulièrement bien adaptés aux nouvelles demandes sociétales des urbains à la recherche d’« authenticité », de « nature », de culture et de tradition sécurisante.

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