Ruralité | Durbiano, Claudine

Ruralité 1359 submergées par l’extension urbaine qui déstructure les irrigations collectives pluricentenaires (canaux de dérivation araméens, romains et de l’époque des Omeyyades à Damas) et phagocyte les cultures maraîchères et fruitières qui constituaient un écrin de verdure. Les nouveaux paysages irrigués Les espaces irrigués ne se limitent plus aux huertas, ou aux oasis pour les milieux arides. Leur superficie a doublé en un demi-siècle avec la mise en place de la grande hydraulique des plans étatiques (barrages et pompages) et de nouveaux périmètres utilisant de nouvelles techniques d’irrigation. L’ensemble des espaces irrigués procure désormais 80 % des revenus agricoles alors qu’il n’occupe que 20 % des surfaces cultivées. Ils consomment plus des trois quarts de la demande totale en eau. L’importance des terres irriguées par rapport à l’ensemble des terres cultivées varie de 100 % en Égypte à 7 % en Algérie en passant par 38 % en Grèce ou 17 % en Turquie. Les limites de l’extension de l’irrigation sont atteintes à l’est et au sud. La rareté de l’eau génère des conflits entre États (Moyen-Orient), voire entre régions (Espagne). Sur le plan environnemental, le pompage des eaux souterraines entraîne la baisse drastique des nappes, avec des risques d’intrusion d’eau salée, en particulier dans les îles (Chypre), et d’épuisement à terme des nappes fossiles. Le problème de la durabilité est posé. L’irrigation des céréales, de la vigne et des oliviers ne cesse de progresser alors qu’ils étaient traditionnellement cultivés « au sec ». L’irrigation par pivot pour les céréales crée de nouveaux paysages de champs circulaires dans les zones semi-­ arides et arides (Maroc, Libye). Pour la vigne et l’olivier, l’irrigation est locali- sée. L’essor des cultures fruitières et maraîchères pour l’approvisionnement du marché européen a entraîné l’apparition de paysages artificiels de « mer de plas- tique » comme le Campo de Dalias (Andalousie) qui se substituent aux écrins de verdure. La Turquie, l’Espagne, l’Italie et l’Égypte produisent les deux tiers des fruits et légumes du bassin méditerranéen. L’Espagne est le principal producteur d’agrumes. La Turquie est le premier producteur mondial de noisettes, de figues, d’abricots et de cerises, et l’Égypte le premier producteur de dattes. Les fruits et légumes représentent plus de la moitié des exportations agricoles. Le Maroc, l’Espagne et la Turquie sont les principaux exportateurs et l’Union européenne est le principal marché. Le régime méditerranéen à base de céréales, de fruits, de légumes et d’huile d’olive, appelé « diète méditerranéenne », est un modèle de consommation ali- mentaire qui a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en 2010, à l’initiative de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne et du Maroc.

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