Ruralité | Durbiano, Claudine

Ruralité 1358 Les paysages arborés contrastent avec les plateaux et les collines dénudés. En Toscane, en Ombrie, l’arbre forestier devenu arbre champêtre sert de tuteur à la vigne. C’est la technique de la coltura promiscua , décrite par Pline l’Ancien et citée par Ibn al-‘Awâm (xii e siècle), devenue aujourd’hui paysage relictuel. En revanche, l’arbre champêtre, chêne vert et chêne-liège, se maintient dans la dehesa d’Estrémadure et le montado de l’Alentejo avec ses pâturages et ses emblavures. Les glands nourrissent le porc ibérique. Les arbres fruitiers (oliviers, figuiers, amandiers, abricotiers, cerisiers…), complantés avec la vigne et les céréales dans une même parcelle de façon dispersée ou en alignement (outins et oullières), ont cédé la place à de vastes zones de monoculture de vergers et de vigne en plein, en raison des progrès agronomiques et de la mécanisation. L’olivier et la vigne sont des marqueurs incontournables de l’histoire médi- terranéenne. Pour les Grecs, l’huile d’olive et le vin ont été une base de leur commerce maritime (amphores) et une monnaie d’échange. Actuellement, le bassin méditerranéen produit 95 % de la production mondiale d’huile d’olive et plus de la moitié de celle du vin. Le vignoble de cuve est concentré sur la rive nord-ouest (France, Italie et Espagne) tandis que l’Est de la Méditerranée, avec la Turquie et la Grèce, est spécialisé dans la production de raisins secs. Les huertas Les huertas correspondent aux vieux périmètres de l’irrigation gravitaire des jar- dins méditerranéens fondés sur une organisation technique et collective ances- trale où règne le minifundium. Elles sont partout présentes en Méditerranée, de la simple conque au débouché d’un torrent aux plaines alluviales plus vastes où les canaux de dérivation des cours d’eau permettent l’élargissement de l’éven- tail cultural avec la production d’une multitude de fruits et légumes cultivés très intensivement. Les huertas étaient très liées à la ville qu’elles approvision- naient et dont elles faisaient la richesse (Conca d’Oro de Palerme, huertas de Valence, de Murcie, Ghouta de Damas, Comtat…). L’internationalisation des marchés et l’étalement urbain, depuis les années 1960, leur ont fait perdre une grande partie de leur fonction traditionnelle. L’approvisionnement d’un marché devenu mondial nécessite une organisation qui favorise les grandes structures et les techniques des nouveaux périmètres irrigués au détriment d’une multi- tude de structures exiguës. La concurrence internationale a entraîné le déclin des huertas les plus septentrionales au profit des huertas plus méridionales en raison de leur précocité de production et du moindre coût de la main-d’œuvre, selon un gradient Nord-Sud allant de la France méridionale au Levant espa- gnol et au Maroc. Fragilisées sur le plan socio-économique, les huertas sont

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