Ruralité | Durbiano, Claudine

Ruralité 1355 Ruralité L’ancienneté et l’intensité de la mise en valeur de l’espace rural méditerranéen combinées à des caractéristiques bioclimatiques spécifiques et à des reliefs contras- tés lui confèrent unité, originalité, contrastes et diversité. Le « Croissant fertile » de l’Orient méditerranéen est le plus ancien et le plus important centre de la « révolution néolithique » (10 000‑8 000 av. J.‑C.). Il a permis l’accroissement démographique avec la domestication des espèces ani- males et végétales (blé, orge, lentilles, amandes…) et la maîtrise de l’eau. De grands empires agraires ont alors été constitués le long du Tigre, de l’Euphrate et du Nil, à partir du iv e millénaire av. J.‑C. Les Grecs et les Romains ont ensuite perfectionné les techniques agronomiques et ont répandu l’olivier et la vigne devenus des symboles de la méditerranéité ; les Arabes, à partir du vii e siècle, ont développé les techniques d’irrigation faisant de la maîtrise de l’eau un fac- teur essentiel de la civilisation méditerranéenne. Les bassins intérieurs et les plaines littorales, le plus souvent d’ampleur limitée, très peuplés et intensément mis en valeur, contrastent avec les montagnes omniprésentes et complémen- taires. Le bassin méditerranéen possède une des plus vieilles civilisations agraires et le poids de l’histoire y est fondamental. Elle rend compte de la répartition très inégalitaire des terres (Reconquista en Espagne, domination ottomane, colo- nisation française…), avec de vastes domaines fonciers face à une multitude de petites exploitations, d’où des réformes agraires aux résultats incertains. Les der- nières décennies sont celles du déclin. L’urbanisation galopante décime la popu- lation rurale malgré de nouvelles activités qui amorcent localement des signes de renouveau. Il résulte de ces évolutions une complexité et une pluralité d’espaces ruraux méditerranéens avec de forts contrastes entre les rives septentrionales et les rives méridionales et orientales, et un renforcement des disparités entre les espaces montagnards et les plaines littorales.