Risques naturels | Morhange, Christophe

Risques naturels 1348 Au cours de l’histoire, des sécheresses pluviométriques et hydrologiques (réduc- tion des écoulements de surface) ont pu avoir des impacts sur l’évolution des sociétés, comme il y a environ 5 000 ans en Égypte avec l’aridification du Sahara et la concentration du peuplement le long du Nil, à l’origine du développement socio-économique sans précédent de la période prédynastique. Les risques naturels perturbent donc dans la gestion des espaces méditer- ranéens. Ils peuvent modifier la structure démographique, la consommation alimentaire, détruire des voies de communication et conduire à une déstruc- turation socio-économique dramatique. Sur la longue durée, on notera la rési- lience des villes romaines, médiévales et modernes au risque d’inondation. Au niveau politique, les risques naturels sont reconnus comme un événement dont l’explication doit permettre de mieux se défendre grâce aux Plans de prévention des risques naturels ( pprn ) depuis 1995 en France. Depuis quelques décennies, on assiste à la mise en place de réseaux de surveillance et d’observatoires de plus en plus fiables. L’étude des « paléo-risques » sert aussi de jalon pour les recons- titutions chronologiques. Si les conséquences des risques naturels majeurs sont importantes, ces derniers semblent peser de plus en plus sur les mentalités avec le développement de l’intérêt des médias et de la recherche scientifique. Risques naturels et histoire culturelle François Walter (2008) note que l’introduction de la notion de risque est récente, pleinement opératoire seulement dans le dernier tiers du xx e siècle. Les admi- nistrations centrales de lutte contre les catastrophes sont en effet d’introduction très tardive. L’histoire de la perception des catastrophes correspond à une sécu- larisation par étapes. L’Europe tient une place particulière avec une désaffec- tion précoce de la dimension religieuse. Comme l’écrit Stéphane Callens (2008), « les deux césures de l’histoire culturelle des catastrophes peuvent être présentées comme des conséquences de chocs technologiques externes au domaine reli- gieux : la première césure avec le développement de la presse d’information, la deuxième césure avec le développement de la logistique et de la médecine des catastrophes ». Les genres littéraires conservent la trace des différents niveaux de gestion : le mélodrame romantique se conçoit par la possibilité d’un accès à l’information catastrophique et une impossibilité d’atténuer cette situation tragique. Par contraste, le genre du film-catastrophe, qui se développe dès le début du cinéma, est basé sur une vision romancée de la gestion de crise et de ses résultats ambigus. Les événements extrêmes doivent être évalués selon deux échelles norma- tives. La catastrophe relève de l’analyse objective de l’événement mesuré, et le

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