Présides | Martin Corrales, Eloy

Présides 1318 s’agisse exclusivement de déplacements à l’intérieur de leurs provinces respec- tives. Ceuta et Melilla offrent aux citoyens marocains la possibilité d’accéder à des services d’assistance sociale (soins hospitaliers et services de santé) et de profiter d’activités (achats, loisirs) dont ils ne jouissent pas dans leur pays. Les Ceutiens et Melilliens bénéficient, quant à eux, de l’offre de produits et de services que le pays voisin met à leur disposition (tourisme, achat de produits frais, résidences secondaires, services domestiques, etc.). Au regard d’un observateur extérieur, le futur de Ceuta et Melilla peut paraître incertain, dans la mesure où il n’est pas possible de discerner clairement dans quelle direction les deux villes se dirigent. Aujourd’hui, il y a un équilibre démographique entre chrétiens et musulmans ; une diminution drastique des communautés juive et hindoue s’est produite au cours des dernières décennies. De plus en plus de citoyens espagnols de confession musulmane occupent des postes à responsabilité dans la sphère politique ou dans la hiérarchie adminis- trative. Les exemples les plus emblématiques sont ceux de Mustafa Aberchán qui, en 1999, est parvenu à la présidence de la ville autonome de Melilla, et d’Abdelmalik Berkani, nommé délégué du gouvernement à Melilla en 2012. Le devenir économique des villes frontalières peut également paraître incer- tain. Du point de vue marocain, la présence espagnole dans les deux seuls ports naturels du littoral méditerranéen empêche le développement économique de la région et fait tout particulièrement l’objet de critiques. Pour cette raison, il a été entrepris, dans les années 1980, la construction du port de Beni Enzar, à Nador, ville limitrophe de Melilla, et le grand port de Tanger Med a récem- ment été inauguré à proximité de Ceuta. Il reste à voir ce qu’il adviendra du port tangérois, mais il paraît évident, du moins jusqu’à présent, que celui de Beni Enzar n’a pas favorisé le développement économique espéré de la région et que son activité n’a pas signifié la faillite de celui de Melilla. En réalité, depuis 1956, Melilla et Ceuta ont toutes deux su se réinventer, ou ont été contraintes de le faire, toujours attentives à ce qui se passe chez le voi- sin marocain. Et tout laisse présager qu’il en sera ainsi pendant très longtemps. Eloy Martin Corrales ➤➤ Architecture, captif, colonisation, contrebande, empires coloniaux, esclavage, frontière, juifs, madrague, migration, morisques, patrimoine mots-clés Afrique du Nord, approvisionnement, Ceuta, conquête, enclaves, Melilla

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