Présides | Martin Corrales, Eloy

Présides 1317 reconnue (de là, il est parfois qualifié de « contrebande »), non seulement sur le plan des relations hispano-marocaines, mais aussi dans le cadre de l’espace européen. La vente de produits introduits au Maroc depuis Ceuta et Melilla constitue, du point de vue commercial, l’un des éléments marquants des relations entre l’Espagne et le Maroc. Cette activité n’est pas dénuée d’une dimension drama- tique qui pèse notamment sur les femmes chargées de fardeaux contenant tout type de marchandises. L’indépendance du Maroc a entraîné d’autres phénomènes. Une partie des Espagnols, qui ont abandonné l’ancien protectorat en 1956, s’est installée à Ceuta et Melilla ; il en est de même pour ceux qui, au début des années 1970, ont dû opter pour le rapatriement, du fait de la marocanisation de l’économie, imposant aux Européens de céder 51 % des parts de leur entreprise à des asso- ciés marocains. Pour les deux villes, une longue période de déclin a commencé, matérialisée par la crise qui frappait leurs ports – en particulier celui de Ceuta –, ce qui leur fit perdre l’attrait d’une partie de leurs voisins. Cet élément, conjointement aux prémices du développement économique espagnol de la fin des années 1950 et à la pénurie de main-d’œuvre non qualifiée dans différents pays européens, a favorisé l’émigration de nombreux Ceutiens et Melilliens (parmi lesquels figurait une proportion non négligeable de musulmans) vers la Costa del Sol, Madrid, la Catalogne, la France, la Belgique et l’Allemagne. Cette perte de population a été compensée par l’attirance (en termes d’emplois et de couverture sociale) que les deux villes ont exercée sur un nombre croissant de Marocains qui commen­ çaient à s’établir dans les quartiers les plus pauvres. À ces mouvements migratoires s’ajoutent d’autres phénomènes de différentes natures. De nombreux juifs qui ont abandonné le Maroc à la suite du conflit arabo-israélien en 1967 ont utilisé Ceuta comme issue, ce qui n’aurait pas été possible sans l’accord des gouvernements espagnol et marocain. Le transit une fois par an (durant les mois de juillet et août) de migrants marocains par les ports de Ceuta et Melilla est un phénomène bien plus significatif par sa persis- tance dans le temps et le nombre de passagers qu’il implique. Le dernier phénomène migratoire en date concernant Ceuta et Melilla cor- respond à l’apparition d’immigrants subsahariens, qui attendent patiemment sur le territoire marocain le moment opportun pour franchir les barbelés qui entourent chacune des deux villes. Ceux qui réussissent à atteindre le territoire espagnol espèrent faire le grand saut vers l’Europe via la péninsule Ibérique. Il convient de mentionner un aspect des relations que Ceuta et Melilla entre- tiennent avec leur arrière-pays marocain respectif. Les ressortissants des provinces de Nador et de Tétouan ainsi que les résidents ceutiens et melilliens peuvent passer la ligne frontalière sans qu’il leur soit demandé de passeport – bien qu’il

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