Présides | Martin Corrales, Eloy

Présides 1316 Melilla devint alors la « cité-phare », capitale politique, administrative, éco- nomique et culturelle de la région orientale du protectorat espagnol du Maroc. Ceuta n’atteignit pas cette dimension puisque la plupart des fonctions étaient assurées par Tétouan, capitale de fait du protectorat. Le patrimoine de Ceuta et Melilla ne se limitait pas aux extraordinaires fortifications érigées entre le xv e et le xvi e siècle et améliorées par la suite. Ces villes comportent de nombreux édi- fices à usage civil, ecclésiastique et militaire. Sous l’impulsion de la spectaculaire croissance démographique et urbanistique enregistrée durant le premier tiers du xx e siècle, les anciens presidios sont devenus des villes modernes. Melilla, non sans quelque exagération, a été baptisée la « Bilbao de la Méditerranée » ou la « Marseille de l’Afrique du Nord ». Ces appellations sont dues à son rôle de port exportateur du minerai de fer extrait de son hinterland, ainsi qu’à son extraordi- naire expansion urbanistique planifiée dont elle a fait l’objet, phénomène mar- qué par la richesse de son architecture dont le modernisme et le style Art déco sont les principales caractéristiques. Ceuta comporte également un patrimoine architectural remarquable. Ces deux villes ont connu une période de prospérité économique entre 1912 et 1956 (date de la proclamation de l’indépendance du Maroc), étroitement asso- ciée au développement économique, certes relatif, de la région nord du Maroc. Cependant, elles ont dû surmonter d’importantes difficultés. Le développement démographique et économique du début du xx e siècle a laissé place, de 1931 à 1936, à une étape d’ébullition sociale sous l’impulsion de syndicats, de partis politiques et de diverses associations. Ce processus est lié à la proclamation, en 1931, de la République espagnole, et à la crise économique des années 1930. Ces mêmes phénomènes ont contribué à l’essor du mouvement ouvrier maro- cain qui a vu le jour dans le Nord du pays, puisque des idées et des expériences politiques et syndicales ont été exportées depuis Ceuta et Melilla vers la zone du protectorat espagnol. Ce mouvement modernisateur a avorté sous l’effet du soulèvement contre le gouvernement légitime de la république, en juillet 1936. Une répression terrible a été menée contre le républicanisme, la franc-maçonnerie et plus particulièrement encore contre le mouvement ouvrier dans ses composantes socialiste, anarchiste et communiste. Après la victoire du général Franco et les premières années d’un terrible après-guerre, Ceuta et Melilla ont tenté, en vain, de continuer de jouer le rôle de capitales des régions occidentale et orientale du protectorat. Après l’accès des Marocains à l’indépendance en 1956, Ceuta et Melilla, en fournissant toute la région nord du Maroc, ont connu une réadaptation écono- mique. Cette évolution s’est faite par le biais du dénommé « commerce atypique », qui est légal même s’il est effectué sans l’intermédiaire de la douane effective et

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