Présides | Martin Corrales, Eloy

Présides 1315 aux continuels incidents armés avec les Marocains frontaliers. En fait, les rela- tions hispano-marocaines, et par extension celles de Ceuta et Melilla avec les populations de leur hinterland, entrèrent dans une nouvelle dynamique. En plein xix e siècle, des prisons (également nommées presidios en espagnol) furent établies à Ceuta et Melilla, ce qui contribua à ternir la réputation des deux enclaves, tant en Espagne qu’au Maroc, désormais vues uniquement comme des enceintes carcérales. L’expansion impérialiste européenne tout au long du xix e siècle avait débuté avec la conquête française d’Alger (1830). Pour l’Espagne, on peut citer l’oc- cupation des îles Zaffarines (1848), la guerre d’Afrique entre l’Espagne et le Maroc (1859‑1860), l’éphémère occupation de Tétouan par les troupes espa- gnoles (1860‑1862) et la guerre de Melilla de 1893. Ceuta et Melilla recou- vrèrent l’importance qui leur avait été accordée au début du xvi e siècle : elles étaient vouées à devenir les plates-formes de la conquête espagnole du Maroc. Ce n’est pas un hasard si l’Espagne imposa, lors de la signature du traité de paix avec le Maroc, en 1860, l’extension des limites territoriales de chacune des deux enclaves, qui, abstraction faite de quelques rectifications postérieures, sont celles d’aujourd’hui. Au début du xx e siècle, les événements s’accélèrent. La conférence d’Algésiras de 1906 prévoyait la division du Maroc entre la France et l’Espagne. L’occupation militaire du territoire marocain donna lieu à de sanglants affrontements (sou- lèvement de Casablanca de 1907, guerre de Melilla de 1909, incidents provo- qués par les occupations française de Meknès et espagnole de Larache). En 1912, eut lieu la proclamation du protectorat français du Maroc. Peu après, la France, avec l’accord du sultan du Maroc, céda à l’Espagne une zone d’influence sur la frange littorale du Nord du Maroc. Ceuta et Melilla redevinrent des plates-formes de pénétration espagnole au Maroc. En 1912, leurs prisons furent démantelées, la construction de leurs ports respectifs fut entreprise, tout comme l’extension planifiée de Melilla. L’agrandissement de Ceuta se fit, quant à lui, au-delà des anciennes murailles construites par les Portugais. Peu de temps après, des routes et des lignes de che- min de fer (Ceuta-Tétouan, Nador-Tistutin, Melilla-Uixan et Melilla-Setolazar) furent construites sur l’ensemble de la zone. Depuis le début du xx e siècle, le nombre des habitants de Ceuta et Melilla a augmenté considérablement sous l’effet de l’arrivée massive d’immigrants espa- gnols venus du Sud-Ouest de la péninsule. Aspirant à une vie meilleure, ils étaient attirés par tout ce qu’offraient ces villes, toujours plus confortées dans leur rôle de place forte coloniale au Maroc. Des centaines de Marocains, des dizaines de juifs et d’hindous s’installèrent également à Ceuta et Melilla ; avec le temps, ils acquirent, pour une partie d’entre eux, la nationalité espagnole.

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