Préhistoire | Bracco, Jean-Pierre

Préhistoire 1310 cynégétique) ou cachées (grottes ornées) dont l’une des manifestations méditerra- néennes la plus éblouissante est la grotte Cosquer à Marseille (Clottes et Courtin, 1996). Sur la côte africaine, cette période est moins bien documentée. Les tradi- tions techniques renvoient à un vaste ensemble africain et l’expression symbolique se traduit par des rites funéraires complexes associant des sépultures secondaires accompagnées de riches dépôts sépulcraux. Mais c’est au Proche-Orient et en Anatolie que vont se dérouler des processus historiques décisifs à la fin de la dernière période glaciaire, connus sous le nom de néolithisation. Les nouvelles conditions climatiques, qui président à la mise en place de l’interglaciaire actuel, génèrent des biotopes très riches en graminées sau- vages. Leur récolte en masse et l’invention des techniques de stockage permettent à certaines sociétés de faire le choix de la sédentarisation. Cette dernière entraîne de profondes modifications de la relation au milieu, à l’espace et aux ressources, et permet l’apparition, au IX e millénaire, des premières domestications végétales (blé et orge), bientôt suivies des domestications animales (bœuf, mouton, chèvre). C’est dans ce contexte, qui utilise déjà l’argile pour du bâti et pour le modelage de figu- rines, que la céramique utilitaire se développe à partir de la fin du VIII e millénaire. Cet événement essentiel de l’apparition des premières sociétés productrices consti- tue le deuxième grand paradigme des recherches préhistoriques sur la Méditerranée et va orienter une grande partie des travaux autour de la compréhension et de la chronologie de la diffusion vers l’ouest du Néolithique, selon des scénarios de migration ou de diffusion qui ne sont pas sans rapport avec l’évolution des idées scientifiques et des discours politiques depuis un siècle (Rasse, 2008). Quels que soient ces scénarios, il est en tout cas aujourd’hui assuré que le modèle économique de production se répand en Méditerranée depuis le Proche-Orient et l’Anatolie sans qu’un autre foyer autonome ne soit décelable, ce dont témoigne notamment l’origine orientale des espèces domestiques dans l’ensemble de la Méditerranée. Les côtes africaines et européennes font l’objet de deux processus distincts de pro- gression du Néolithique, en lien en particulier avec les capacités de réception des populations autochtones. L’analyse de ces contacts reste d’ailleurs le parent pauvre des études préhistoriques malgré son évident intérêt anthropologique et historique. C’est avec le Néolithique que l’espace méditerranéen se transforme, dans sa géo- graphie avec la colonisation des espaces insulaires, qui s’amorce très tôt (Chypre, IX e millénaire ; Corse, VIII e millénaire), et dans ses paysages avec les pratiques agricoles et pastorales. Mais cette adoption de l’économie de production sur toute l’aire méditerranéenne, achevée au VI e millénaire, ne doit pas masquer la diversité des sociétés qui la composent et qui s’expriment archéologiquement au niveau de l’architecture domestique ou publique, des rites funéraires ou de l’équipement domestique ou technique, reflets de pratiques économiques et sociales très variées. C’est de cette diversité que vont émerger à la fin du Néolithique, et d’abord dans

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