Préhistoire | Bracco, Jean-Pierre

Préhistoire 1306 Préhistoire Aborder l’état des connaissances sur la Méditerranée pendant la préhistoire nécessite la prise en compte de plusieurs aspects, certains propres à cette période, d’autres plus spécifiques de l’aire méditerranéenne. Le premier d’entre eux est la très longue durée. Au cours des presque deux millions d’années de présence de sociétés préhistoriques en Méditerranée, le milieu naturel, sous l’influence des paramètres astronomiques qui commandent le climat global et la circulation des masses atmosphériques et océaniques, a connu de nombreuses pulsations froides et tempérées dont les conséquences sur les faunes et les flores du pourtour méditerranéen ont été importantes. En outre, la rétention des eaux océaniques et marines dans les calottes arctiques et antarctiques lors des épisodes glaciaires a généré d’importantes fluctuations des niveaux marins avec des amplitudes d’altitude jusqu’à 130 mètres. Le tracé des côtes s’en est trouvé profondément modifié à certains endroits (golfes du Lion et de l’Adriatique, delta égyptien…), avec ses conséquences sur les circu- lations et les espaces disponibles pour les groupes humains – voir par exemple l’entrée de la grotte Cosquer à Marseille, aujourd’hui à – 37 m de profondeur, et à plusieurs kilomètres de la côte à l’époque de son occupation – ainsi que sur les espaces insulaires : création d’un ensemble corso-sarde et connexion de la Sicile à la péninsule Italienne pendant les épisodes les plus froids. Ces variations importantes, parfois très rapides (de l’ordre d’un siècle pour les événements les plus abrupts), de la géographie côtière et des biotopes ont nécessité des trans- formations sociales et économiques pour ajuster les modes d’organisation des sociétés aux nouvelles conditions biotiques (Bracco, 2005), en particulier pour les groupes humains chasseurs-cueilleurs qui dépendent entièrement du milieu naturel pour l’acquisition des ressources alimentaires et techniques nécessaires. Parfois, les transformations du milieu naturel ont également généré des potentia- lités mises à profit pour l’invention de nouvelles organisations socio-économiques, comme par exemple pour la domestication végétale et animale au moment de la néolithisation (voir infra ).