Pouillon, Fernand | Bonillo, Jean-Lucien

Pouillon, Fernand 1304 d’indépendance. Si la cité de Diar-es-Saada hérite de la logique de plan de masse de La Tourette, il s’y manifeste cependant une volonté de marquage culturaliste par le décor, discret et orientalisant. L’ensemble de Diar-el-Mahçoul franchit une nouvelle étape en distinguant du quartier européen un secteur musulman, pour les populations les plus déshéritées issues des bidonvilles, dans lequel on trouve (très) réinterprétés la morphologie des rues étroites de la Casbah et le thème du « boulevard des femmes » (un système de terrasses accessibles). Avec la troisième de ces grandes cités, « Climat de France » (1955), la culture et l’accent européens qui dominaient jusque-là sont abandonnés au profit d’une mythique référence orientale, le Meidan d’Ispahan qui sert de modèle à la place centrale et monu- mentale des « 200 colonnes », alors même que le traitement graphique des per- cements s’inspire des motifs géométriques des tapis du Sud. Méditerranéismes et orientalismes de circonstance Au milieu des années 1960, après le scandale de l’opération du « Point-du-Jour » à Paris et l’épisode douloureux de la prison, face à l’interdiction qui lui sera faite d’exercer en France, Fernand Pouillon est contraint à l’exil et amorce sa deuxième période algérienne. La qualité des programmes qui lui seront confiés alors, au nord et au sud du pays, hôtels et villages de vacances, incitera l’architecte à puiser ses références dans un imaginaire plus libre, large, débridé et de fantaisie, à l’instar des figures d’Orient mi-réelles, mi-rêvées de la société européenne du xix e siècle. À quelques exceptions près (hôtel d’esprit contemporain à Annaba, 1969…), les ensembles hôteliers et cités de vacances associent à des lignes générales sobres et à des volumes purs des jardins et décors qui s’inspirent librement de l’héritage arabo-andalou, de l’architecture cubique et apollinienne des îles et rivages de la Méditerranée (Tipasa, Sidi-Ferruch…), des édifices fortifiés (casbahs), utilitaires (fondouks) et domestiques (riads) de l’architecture arabe avec ses marqueurs tels que carreaux de céramique à décor d’arabesques et, parfois, arc persan en ogive (Bou Saada, Biskra, Aïn Sefra, Béni Abbès, Ghardaïa, El Goléa…). Au-delà d’une réelle diversité qui résulte des contextes – séquences historiques et sites –, des programmes, de l’humeur de l’architecte…, il convient de souli- gner l’unité de l’œuvre. Elle tient autant à la cohérence d’une méthode de projet qu’à l’expression évidente d’une sensualité toute méditerranéenne, qu’il transporte de lieu en lieu. Elle résulte du choix des matériaux, majoritairement « naturels » (pierre, bois et céramique, murs enduits à la chaux…), traités et assemblés avec une facture artisanale, et de l’utilisation de mises en œuvre traditionnelles (calades, céramiques noyées dans le ciment…). Elle s’appuie sur le recyclage d’archétypes méditerranéens (voûtes, moucharabiehs, coupoles, systèmes d’aération…) et la

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