Postcolonialisme | Fabbiano, Giulia

Postcolonialisme 1294 Postcolonialisme Le postcolonialisme est un discours critique qui s’est développé au sein des études littéraires anglophones au début des années 1980, avant de pénétrer transversale­ ment les sciences sociales. D’analyse culturelle en lien avec l’expérience impériale et ses legs, à institution aussi bien galvaudée qu’hétéroclite, l’approche post­ coloniale a donné lieu à une production transdisciplinaire foisonnante, dont il est cependant difficile d’en tracer avec exactitude les contours. La première ambiguïté concerne le sens que le préfixe « post » revêt dans les moult graphies (trait d’union, agglutination, slash) qui l’associent au « colonial » (post-colonial, postcolonial, post/colonial), laissant transparaître la plasticité de la notion. Selon les auteurs, les disciplines, les courants et les contextes d’énonciation, le « post » renvoie à une séquence chronologique – l’« après » du colonialisme –, ou bien à un dis- positif épistémologique – l’« au-delà » du colonialisme –, et désigne ainsi un champ de relations complexes au sein duquel s’enracinent des expériences qui remettent en cause, tout en l’assumant, l’historicité coloniale et ses enjeux. Le terme « postcolonialisme » peut donc décrire une époque, une condition, une théorie, une approche, une démarche, ou encore un positionnement réflexif. Quoi qu’il en soit, au même titre que le poststructuralisme et le postmodernisme, dont il a été, au moment de l’éclipse de l’idéologie tiers-mondiste qui a accom- pagné la sortie des empires, un des développements, le postcolonialisme suggère de penser autrement la temporalité chronologique et sociale de l’expérience colo- niale, ses relations, ses jaillissements et son héritage. Mais à la différence du poststructuralisme et du postmodernisme, il s’agit moins d’une école de pensée que d’un ensemble de discours de rupture qui « thématisent des questions posées par les relations coloniales et leurs suites et qui couvrent une longue période his- torique, jusqu’au présent » (Shohat, 2007, p. 82). Ainsi, introduisant un regard décentré sur le colonial et son devenir, remet-il en cause une vision linéaire de l’histoire (avant versus après), un savoir binaire (centre versus périphéries), une représentation essentialiste (colonisateur versus colonisé), un universalisme euro- centré (modernité versus traditions). À défaut d’une définition établie et

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