Plantes médicinales | Bellakhdar, Jamal

Plantes médicinales 1259 Le temps des médecines savantes et la naissance de la pharmacognosie Ces connaissances ainsi constituées en corpus se transmirent d’abord par la seule tradition orale, mémorisées sous forme de coutumes, de règles simples, de recettes, d’aphorismes, d’interdits. Puis, lorsque les alphabets furent découverts, elles furent consignées par écrit et de véritables encyclopédies virent le jour, fai- sant le point sur les remèdes naturels de l’époque. Vint ensuite le temps des théo- risations et succédèrent alors aux systèmes d’explication simplistes (théorie des signatures, théorie des affinités, croyances magico-religieuses) des doctrines plus élaborées : principe de la similitude, thérapeutique des contraires, théorie des humeurs enfin, cette dernière formalisée dans sa version initiale par Hippocrate (v e -iv e siècles av. J.‑C.), puis reprise par ses continuateurs grecs avant qu’elle ne reçût son plus grand développement avec la médecine arabo-islamique. C’est alors que s’individualisèrent des champs d’étude particuliers comme la physiologie, la botanique et l’alchimie. Dans la foulée de ces avancées, émergea petit à petit de la nuit la science des remèdes dont les premiers représentants illustres en région méditerranéenne furent indiscutablement les Grecs Théophraste (iv e -iii e siècles av. J.‑C.), Dioscoride (i er siècle) et Galien (ii e siècle). Les contri- butions de ces savants ont pu être en grande partie préservées grâce au travail d’Oribase, médecin grec du iv e siècle ayant exercé un temps à Constantinople, qui réunit les plus importants d’entre eux dans une monumentale synthèse, Collections médicales . Au cours de ce même siècle, à Alexandrie, devenue entre-­ temps capitale de la médecine, fut rassemblé par un collectif de polygraphes le corpus intitulé Summaria Alexandrinorum , forme sous laquelle les enseigne- ments résumés d’Hippocrate et de Galien seront transmis d’abord aux Arabes, ensuite aux Occidentaux. Ont contribué également de manière importante au progrès accompli dans la connaissance des remèdes naturels le naturaliste romain Pline l’Ancien (i er siècle), auteur du Naturalis historia , et le médecin byzantin Paul d’Égine (vii e siècle) qui écrivit De re medica libri septem , un compendiummédical en sept livres, contenant la somme de toutes les acquisitions pharmacologiques de son époque. Après le vi e siècle et la fin du règne de l’empereur Justinien I er , les scientifiques byzantins apportèrent encore quelques contributions à la science en sollicitant l’appui des princes, des mécènes et de l’Église car ils durent désormais rivaliser en créativité avec les savants perses et arabes dont la montée en puissance commença à se faire avec l’avènement de l’islam et les conquêtes arabes. Pour ne pas être dépassés, les Byzantins s’empressèrent même d’intégrer les connaissances nouvelles acquises

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