Plantes médicinales | Bellakhdar, Jamal

Plantes médicinales 1265 ont conduit à la sélection d’une centaine d’espèces végétales inscrites depuis avec succès dans la liste des plantes à bon potentiel thérapeutique. C’est alors qu’on s’est rendu compte que beaucoup de ces produits étaient employés dans leur pays d’origine avec des indications très proches de celles qui furent établies par les pharmacologues. Que de temps et de moyens auraient pu être épargnés si les chercheurs avaient su mener d’abord sur le terrain l’étude des traditions médicales régionales ! Une enquête ethnopharmacologique, menée préalablement à tout dépistage phytochimique ou pharmacologique, peut donc apporter de précieuses infor- mations sur l’activité biologique possible d’un remède traditionnel, permettant souvent d’éviter des recherches tous azimuts et donc de réduire les coûts. Utilisée par un nombre de chercheurs sans cesse plus grand, cette méthode a permis de faire émerger, ces quarante dernières années, plusieurs médicaments très atten- dus. Ce bilan positif vient confirmer, pour le moins, qu’il existe bien une sagesse ancestrale qu’il serait déraisonnable d’ignorer. Dans cette approche neuve de la question des plantes médicinales, la science écologique propose un cadre de réflexion original, jetant sur la nature un regard vierge et ami, susceptible de conduire à d’intéressantes observations. En effet, pour la science écologique, dans ce système complexe qu’est la nature, un effet n’est jamais le résultat d’une cause unique, car la matière et la vie sont en permanence l’objet de multiples interactions, faisant que le tout représente davantage que la somme des parties. Une plante entière aura donc, en vertu de ces conceptions, des propriétés supérieures à celles de ses constituants. L’exemple classique à ce propos est celui de l’artichaut. Cette plante est connue depuis longtemps pour son activité cholérétique, mais aucun des constituants qu’on a pu isoler de ses feuilles ne développe à lui seul l’activité. En revanche, en associant quatre de ces constituants entre eux (acide malique, acide citrique, acide succinique, acide hydroxymethylacrylique), l’activité apparaît ! Et la même chose pourrait être dite de l’aubépine ou de la passiflore. Du coup, un nouveau regard est aujourd’hui jeté sur les plantes, sources non seulement de substances simples, isolées, étudiées et parfois reconstituées par synthèse, mais aussi de mélanges complexes – sucs, huiles essentielles, extraits totaux, gommes, résines, etc. – que jamais l’industrie chimique ne pourra inté- gralement reproduire. Conséquence directe de cette nouvelle façon de voir les choses et des dérives d’une chimiothérapie mal contrôlée, nous observons ces trente dernières années un retour en force de l’homéopathie, de la phytothéra- pie, de l’aromathérapie, de la gemmothérapie, parallèlement à la constitution en discipline indépendante d’une jeune science : l’ethnopharmacologie. Aujourd’hui donc, plus que jamais, les plantes médicinales retrouvent toute leur place sur le devant de la scène !

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